En abordant la question de la violence envers les femmes dans le monde arabe, Alkarama souligne un type de violence fréquemment ignoré par de nombreuses organisations de défense des droits humains : celle commise ou tolérée par l'État à l'encontre de ses citoyennes.
Dans de nombreux contextes, les femmes ne sont pas seulement victimes de violences physiques, sexuelles et psychologiques, telles que les arrestations arbitraires, les tortures et les traitements dégradants infligés par des autorités étatiques répressives. Elles endurent aussi des violences psychologiques liées aux violations des droits de leurs proches – mari, fils, père ou frère – souvent arbitrairement détenus, parfois pendant des décennies, ou enlevés par l'État. La souffrance des mères et des épouses de ces disparus constitue sans doute l'un des témoignages les plus poignants de cette violence psychologique.
Cette année marque les 25 ans de la résolution "A/RES/54/134" adoptée par l'Assemblée générale des Nations unies le 17 décembre 1999, déclarant le "25 novembre" comme "Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes", une occasion de réfléchir aux progrès et aux réalisations dans la lutte contre ce type de violence.
Selon la "Déclaration sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes" adoptée par l'Assemblée générale des Nations unies le 20 décembre 1993 (A/RES/48/104), la violence à l'égard des femmes doit être comprise comme englobant les violences physiques, sexuelles et psychologiques (1) se produisant au sein de la famille, (2) au sein de la communauté en général, (3) perpétrées ou tolérées par l'État, où qu'elles se produisent.
Les activités d’Alkarama
Au fil des années, Alkarama a joué un rôle clé dans la mise en lumière des violations commises à l'encontre des femmes dans le monde arabe, en particulier celles impliquées dans des luttes pacifiques pour les droits humains et contre l'injustice.
En hommage aux luttes des femmes arabes, Alkarama a choisi, en 2014, l'avocate et militante palestinienne Shirin Issawi comme "Personnalité de l'année" et lui a décerné le Prix Alkarama pour les Défenseurs des Droits Humains. Ce prix symbolique, non matériel, est attribué chaque année à l'occasion de la Journée internationale des droits de l'homme à une personne ou organisation ayant apporté une contribution significative à la promotion et à la protection des droits humains dans le monde arabe. À son retour dans les territoires palestiniens occupés, Issawi et sa famille ont de nouveau été victimes de répressions et de violations par les autorités d'occupation, en représailles à leur résistance pacifique, notamment après leur participation à la remise du Prix de la dignité en 2014 à Genève.