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خالد العودة

Les autorités saoudiennes ont remis en liberté l’universitaire Khaled Alodah, frère du célèbre prédicateur et universitaire Dr. Salman bin Fahd Alodah, après huit années de détention arbitraire. Il avait été arrêté pour avoir publié des informations sur l’arrestation de son frère, lequel reste détenu arbitrairement dans des conditions inhumaines, et ce, malgré une décision du Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire qualifiant l’emprisonnement des deux frères de violation flagrante du droit international.

Les autorités saoudiennes avaient arrêté le Dr. Salman Alodah le 10 septembre 2017, à la suite d’un tweet où il exprimait son espoir d’une réconciliation entre les pays du Golfe. Cette arrestation s’inscrivait dans une vaste campagne de répression visant de nombreux religieux, prédicateurs et militants. Son frère, Dr. Khaled Alodah, avait quant à lui été arrêté deux jours plus tard, simplement pour avoir relayé l’information concernant l’arrestation de Salman et exprimé son soutien.

À la suite des plaintes déposées par Alkarama, le Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire (GTDA), lors de sa 97ᵉ session, a émis l’avis n° 56/2023. Il a conclu que la privation de liberté des frères Alodah constituait une détention arbitraire violant la Déclaration universelle des droits de l’homme. Le groupe a précisé que leur arrestation avait été opérée sans mandat judiciaire, sans accès à un avocat, et sans être présentés devant un juge dans un délai raisonnable, en violation des articles 9, 10 et 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, ainsi que des principes d’un procès équitable. Il a aussi estimé que la détention avait des motifs purement politiques, exigeant leur libération immédiate et leur indemnisation appropriée. 

Dans ses plaintes auprès des mécanismes onusiens de protection des droits humains, Alkarama avait indiqué que Dr. Khaled Alodah avait été soumis à de longues périodes d’isolement, privé de tout contact avec l’extérieur, dans des conditions pouvant s’apparenter à des mauvais traitements ou à de la torture, en violation de la Convention contre la torture, à laquelle l’Arabie saoudite a adhéré en 1997. 

De son côté, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme avait publié, le 22 décembre 2017, une lettre adressée aux autorités saoudiennes évoquant les cas du Dr. al-Hawali, du Dr. Salman Alodah et de son frère. Dans cette lettre, le Haut-Commissariat exprimait sa « profonde inquiétude face aux arrestations arbitraires massives et systématiques, ainsi qu’à la détention de personnes, y compris des défenseurs des droits humains, uniquement pour avoir exercé pacifiquement leur droit à la liberté d’expression et de réunion ». 

Bien que le Dr. Khaled Alodah ait été libéré après près de huit années de détention, le Dr. Salman Alodah demeure emprisonné, poursuivi uniquement pour ses opinions et l’exercice pacifique de sa liberté d’expression. Durant sa détention, il a enduré de longues périodes d’isolement, a été privé de soins médicaux et interdit de visites, dans des conditions particulièrement humiliantes et inhumaines.

Face à la persistance de ces violations, Alkarama réitère son appel aux autorités saoudiennes pour qu’elles appliquent la décision du Groupe de travail des Nations Unies en libérant immédiatement et sans condition le Dr. Salman Alodah ; qu’elles enquêtent sur les conditions de sa détention et les graves violations qui l’ont entourée ; et qu’elles mettent un terme à toutes les poursuites à motif politique visant les militants, défenseurs des droits humains et prédicateurs. Enfin, Alkarama exhorte l’Arabie saoudite à honorer ses engagements internationaux au titre du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, de la Convention contre la torture, ainsi que d’autres instruments internationaux de protection des droits humains.