Maroc: Le journaliste Hicham Mansouri, détenu depuis plus de six mois pour « complicité d'adultère »

 Hicham Mansouri

Le 30 septembre 2015, Alkarama a saisi le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la promotion et la protection du droit à la liberté d'opinion et d'expression (FREEDEX) du cas de Hicham Mansouri, un journaliste de 35 ans arrêté le 17 mars 2015 et condamné à 10 mois de prison ferme pour « complicité d'adultère ».

M. Mansouri a été arrêté le 17 mars 2015 par une dizaine de policiers de la Brigade des mœurs qui ont forcé la porte d'entrée de sa résidence. L'ayant informé du motif de son arrestation sans toutefois lui présenter de mandat d'arrêt, les policiers l'ont déshabillé de force pour le photographier avant de l'emmener au commissariat où il a été accueilli par des coups et des insultes des policiers.

Durant sa garde à vue, M. Mansouri s'est vu interdire toute entrevue avec son avocat et a été interrogé sur des sujets sans rapport avec le motifs d'arrestation avancé, notamment sur ses relations avec des personnalités du monde médiatique, des membres du Mouvement du 20 Février, ou encore sur ses activités au sein de l'Association marocaine pour le journalisme d'investigation (AMJI) créée en février 2011 et œuvrant pour la protection des journalistes.

Le 30 mars 2015, M. Mansouri a éte condamné par le Tribunal de première instance de Rabat à dix mois de prison ferme et 40'000 dirhams d'amende pour « complicité d'adultère ». Il est important de noter qu'au cours de ce procès les témoins cités à comparaître par la défense n'ont pas été entendus par le Tribunal et les prétendus éléments de preuves matérielles saisies par la police n'ont jamais été présentés au Tribunal. Le jeune journaliste a alors fait appel du jugement rendu mais le 27 mai 2015, la chambre d'appel du Tribunal de première instance de Rabat a confirmé la condamnation pénale.

M. Mansouri est actuellement détenu à Rabat, dans des conditions particulièrement éprouvantes et a été agressé par d'autres détenus. En dépit des violences qui lui ont été infligées et des importantes séquelles physiques engendrées, il n'a jamais été examiné par un médecin et l'accès aux soins lui a systématiquement été refusé.

La famille du journaliste a elle aussi été gravement affectée par cette affaire largement médiatisée portant gravement atteinte à sa réputation. Ne supportant plus le regard et les critiques de leur entourage, nombre de ses proches ont été poussés à quitter la ville.

Alkarama est préoccupée par la condamnation de M. Mansouri en dépit des nombreuses irrégularités relevées au cours de son procès ; le droit du journaliste à un procès équitable a été gravement bafoué et nous avons de fortes raisons de croire que le véritable motif des accusations formulées contre lui sont en rapport direct avec ses activités de journaliste et son activisme au sein d'associations de défense des droits de l'homme telles que l'AMJI.

Compte tenu des faits et de l'impossibilité pour la victime et sa famille d'obtenir réparation dans leur pays, Alkarama a appelé le Rapporteur spécial sur la promotion et la protection du droit à la liberté d'opinion et d'expression (FREEDEX) à intervenir auprès des autorités marocaines pour leur demander de libérer immédiatement M. Mansouri et mettre un terme immédiat aux persécutions judiciaires dont il est victime.

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