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Dans son dernier rapport au Conseil des droits de l'homme, le Secrétaire général Ban Ki-moon a soulevé les cas de représailles contre les personnes qui ont coopéré avec l'ONU, allant de menaces et d'interdictions de voyage, à la détention arbitraire et la torture. Selon Ban Ki-moon, les représailles mentionnées dans son rapport ne sont que la «partie visible de l'iceberg ». En mai dernier, Alkarama avait envoyé au Secrétaire général un rapport sur l'état des représailles à l'encontre des défenseurs des droits de l'homme dans le monde arabe.

Le Secrétaire général soulève des cas de représailles dans le monde arabe ...

En Egypte, le cas du Représentant d'Alkarama pour l'Égypte, Ahmed Mefreh, qui a documenté des cas de violations dans son pays depuis des années, a été soulevé par le Secrétaire général. En août 2013, Mefreh a documenté sur le terrain le meurtre de 985 manifestants pacifiques sur les places de Rabaa Adawiya et de Nahda au Caire. Suite à ce travail, un mandat d'arrestation a été émis contre lui en septembre 2013, l'accusant d'être « un membre d'une organisation armée ».

En Algérie, des actes d'intimidation et de représailles ont été soulevés contre Yahia Bounouar, journaliste et Président de l'Observatoire algérien des droits de l'homme (OADH), en particulier sa surveillance par les services de sécurité. Au Maroc, l'intimidation et les représailles contre Ali Aarrass ont continué: menacé par le directeur de la prison de lui « rendre sa vie impossible », Aarrass a annoncé qu'il allait entreprendre une grève de la faim illimitée.

En Arabie saoudite, les inquiétudes sur les membres de Saudi Civil and Political Rights Association (ACPRA) ont été soulevés à nouveeau : Fawzan Al Harbi Mohsen Awad, qui a documenté et présenté des cas de violations dans son pays à l'ONU, a été arrêté et accusé de « cofonder une organisation non autorisée ignorant les décisions judiciaires qui avaient ordonné sa dissolution. »

Dans les Émirats arabes unis (UEA), Oussama Al Najjar, activiste et blogueur, et fils de Hossain Al Najjar, jugé dans le procès des 'UEA 94', a subi des représailles après avoir rencontré le Rapporteur spécial de l'ONU sur l'indépendance des juges et des avocats, Gabriela Knaul. Il a été enlevé, détenu au secret et torturé par les services de sécurité émiratis avant d'être inculpé de « diffusion de fausses informations ». Une plus grande attention a été portée aux 'UEA 94'par le Secrétaire général, étant donné que Waleed al Shehhi, membre de leur équipe juridique, a été arrêté en mai 2013 après avoir dénoncé les irrégularités du procès sur les médias sociaux; plusieurs détenus ont aussi entamé une grève de la faim pour protester contre le passage à tabac de Mohamed al Mansouri, par des gardiens de prison. En outre, le célèbre blogueur, Ahmed Mansoor s'est vu confisquer son passeport pour l'empêcher d'assister à l'examen périodique des 'Emirats. Il a également été sous surveillance et attaqué physiquement.

En Syrie, le Directeur et un membre du Centre syrien pour les études juridiques, respectivement Khalil Matouk et Mohammed Thatha, ont été arrêtés en octobre 2012 et maintenus au secret dans un service du renseignement de la Force aérienne pour avoir signalé de graves violations des droits de l'homme en cours dans le pays, en particulier concernant les arrestations menées lors d'une descente raid dans les bureaux du Syrian Centre for Media and Freedom of Expression. Des préoccupations ont également été soulevées sur le Directeur et autres membres de ce Centre, Mazen Darwish Hussein Ghrer Hammad, et Hani Al Zaitani, toujours en détention malgré l'appel du Groupe de travail sur la détention arbitraire (GTDA) pour leur libération.

... Dans le cadre de la répression croissante visant à réduire au silence les militants des droits de l'homme

Trois ans après les soulèvements du « printemps arabe » et l'appel des citoyens pour le respect de leurs droits civils et politiques fondamentaux, les 'Etats arabes sont encore loin des aspirations de leurs populations. Beaucoup de défenseurs des droits de l'homme de la région souffrent de harcèlement et de persécution et, dans de nombreux cas, sont arrêtés, torturés, détenus arbitrairement et poursuivis pour leur travail de fournir des informations à l'ONU sur les violations des droits de l'homme dans leurs pays.

« Alors que la sensibilisation aux mécanismes de l'ONU grandit dans le monde arabe, les autorités cherchent à réprimer l'appel de leurs citoyens, qui ne demandent qu'à voir leurs droits les plus fondamentaux respectés », explique Inès Osman, Coordonnatrice juridique d'Alkarama. « Beaucoup de gens qui travaillent avec nous depuis de nombreuses années, nous envoyant des cas de violations à soumettreà l'ONU, sont maintenant disparus ou derrière les barreaux. Les 'Etats arabes doivent accepter que toutes les voix, y compris celles des dissidents, doivent être entendues sans crainte de représailles. »

Alkarama appelle la communauté internationale à continuer d'aborder la question des représailles contre les défenseurs des droits de l'homme et exhorte tous les gouvernements à prévenir et à s'abstenir de tout acte d'intimidation ou de représailles contre ceux qui coopèrent avec l'ONU comme indiqué dans la Résolution 12/2 de l'année 2009. Dans cette résolution, le Conseil des droits de l'homme condamne le fait que ces victimes souffrent de violations de leurs droits, notamment les droits à la vie, à la liberté et à la sécurité de la personne, ainsi que le droit à la protection contre la torture.

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