Syrie: Une coalition de 19 ONG internationales appelle à la libération de Khalil Matouk

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Alkarama et une coalition de 18 organisations internationales de défense des droits de l'homme appellent à la libération de M. Khalil Matouk car les inquiétudes grandissent quant à la détérioration de son état de santé.

Les nouvelles informations transmises aux ONG renforcent les inquiétudes concernant la détention au secret et la mauvaise santé de l'éminent avocat syrien spécialisé dans la défense des droits de l'homme dont on est sans nouvelle depuis son arrestation il y a huit mois.

Khalil Matouk, 54 ans, est directeur du Syrian Centre for Legal Studies and Research (Centre syrien pour les études et la recherche juridique), a été arrêté avec son ami et assistant, Mohammed Thatha, 48 ans, le 2 octobre 2012.

Ils auraient été arrêtés à un poste de contrôle établi par le gouvernement alors qu'ils se rendaient au travail à Damas. Ils ont été victimes de disparition forcée car, malgré les demandes répétées de sa famille et des avocats, les autorités syriennes refusent toujours de confirmer leur détention.

De telles conditions renforcent le risque qu'ils soient torturés ou maltraités, des actes répandus dans les prisons syriennes, ont déclaré les organisations.

Il y a deux semaines, des proches des deux hommes ont reçu un renseignement indiquant que Khalil Matouk était bien détenu et qu'il était en très mauvaise santé. Sa santé est particulièrement en danger car il souffre d'une maladie des poumons à un stade avancé et de graves troubles respiratoires. Il suit un traitement régulier et doit être sous surveillance médicale en permanence.

« Bien que cette information confirmant la détention de Khalil Matouk donne à sa famille des indications sur son sort après huit mois de silence et les dénis des autorités, la dégradation de son état de santé est très inquiétante » ont ajouté les organisations.

Khalil Matouk a été placé sous le coup d'une interdiction de voyager entre 2005 et 2011 à cause de son travail en tant que directeur du Syrian Centre for Legal Studies. Il a écrit et publié des articles et des études dans plusieurs journaux et sites web tels qu'Al-Hiwar Al-Mutamiden.

Il y a notamment publié un article de recherche dans lequel il analysait les liens entre la constitution du Tribunal pénal international et les codes pénaux syriens.

La famille et les collègues de Khalil Matouk et Mohammed Thatha pensent que leur détention est liée à leur travail en faveur des droits de l'homme. Peu avant son arrestation, Khalil Matouk rentrait d'un voyage médical en France qui a peut-être éveillé la suspicion des autorités à son sujet.

« Khalil Matouk doit recevoir le traitement médical dont il a besoin. Les deux hommes doivent pouvoir recevoir les visites de leur famille et avocats; ces hommes sont détenus à cause de leur travail pacifique en faveur des droits de l'homme et devraient être libérés immédiatement et sans conditions » ont poursuit les organisations.

En février 2013, un groupe d'avocats a demandé des informations mais un procureur de Damas a nié la détention de Khalil Matouk. Toutefois, les détenus libérés à cette période de la section 285 pour la sécurité de l'État à Kafr Soussa à Damas, ont dit l'avoir vu incarcéré là-bas ce même mois.

En avril, l'avocat de Khalil Matouk a déclaré à Amnesty International qu'un agent chargé de la sécurité de l'État l'a informé que son client avait été transféré dans une antenne des services de renseignements de l'armée de l'air fin mars.

Depuis que les informations au sujet de la santé de Khalil Matouk ont filtré au début du mois, il n'y a pas eu d'autres nouvelles à son sujet ou au sujet de Mohammed Thatha. Les autorités doivent de toute urgence faire la lumière concernant le sort de ces deux hommes et expliquer les bases juridiques quant à leur détention, ont dit les organisations.

Khalil Matouk, éminent avocat, a aidé de nombreuses victimes de violations des droits de l'homme en Syrie pendant de nombreuses années. Il a défendu des centaines de prisonniers politiques, journalistes et prisonniers de conscience, y compris ceux jugés par la Cour suprême pour la sécurité de l'État, juridiction connue pour violer les normes internationales relatives au procès équitables et abolie en 2011.

En 2012, il a participé au procès du défenseur des droits de l'homme Mazen Darwish et de ses collègues, suite à leur arrestation pendant une perquisition du Centre for Media and Freedom of Expression –SCM (Centre syrien pour les médias et la liberté d'expression) en février 2012.

Des cas de tortures et autres mauvais traitements ont été largement signalés dans les prisons syriennes et les centres de détentions pendant des décennies, et ces actes ont largement contribué aux 1300 décès recensés dans les prisons depuis mars 2011, lorsque les premières manifestations contre le gouvernement ont éclaté.

La situation a évolué en un conflit armé interne qui déchire tout le pays. Des dizaines de milliers de syriens ont été arrêtés, souvent arbitrairement, au cours de cette période et nombre d'entre eux sont toujours détenus, souvent dans des conditions qui s'apparentent à des disparitions forcées. Certains ont été traduits devant le tribunal anti-terrorisme à Damas, qui a commencé à opérer en septembre 2012.

Les 19 organisations soussignées condamnent la disparition forcée de Khalil Matouk et de son assistant Mohammed Thatha, et au vu des nouvelles informations, elles appellent les autorités syriennes à :

• Libérer immédiatement et sans conditions le défenseur des droits de l'homme Khalil Matouk et son assistant Mohammed Thatha, car ils sont tous les deux détenus à cause de leur travail légitime et pacifique en faveur des droits de l'homme et sont donc considérés comme des prisonniers de conscience ;
• Révéler immédiatement l'endroit où se trouvent Khalil Matouk et son assistant Mohammed Thatha et donner de leurs nouvelles à leur famille ;
• Permettre à Khalil Matouk d'accéder immédiatement aux soins médicaux dont il a besoin;
• Garantir que les deux hommes ne soient pas torturés ou maltraités .

 

Organisations co-signataires dans l'ordre alphabétique:
1. Fondation Alkarama
2. Amnesty International (AI)
3. Arabic Network for Human Rights Information (ANHRI)
4. ARTICLE 19
5. Cairo Institute for Human Rights Studies (CIHRS)
6. Euro-Mediterranean Human Rights Network (EMHRN)
7. Front Line Defenders
8. Gulf Centre for Human Rights (GCHR)
9. Humanist Institute for Cooperation with Developing Countries (Hivos)
10. IKV Pax Christi
11. International Media Support (IMS)
12. LAWYERS FOR LAWYERS
13. Observatory for the Protection of Human Rights Defenders,
14. PEN International
15. Reporters Sans Frontières (RSF)
16. SKeyes Center for Media and Cultural Freedom
17. Syrian Centre for Legal Studies and Research
18. Syrian Center for Media and Freedom of Expression (SCM)