Irak : Le Comité des Nations unies sur les disparitions forcées se rend dans le pays dans le cadre de son mandat

الاختفاء القسري في العراق

Le Comité des Nations unies sur les disparitions forcées se rend en Irak à partir du 12 novembre pour déterminer les moyens de lutte contre les cas de disparition forcée, conformément à son mandat au titre de l'article 33 de la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées.

Le Comité doit se rendre dans un certain nombre de gouvernorats irakiens et rencontrer les victimes, leurs proches, des organisations de défense des droits de l'homme et des organisations internationales, ainsi que des institutions nationales et des institutions de défense des droits de l'homme. Les membres du Comité s'entretiendront également avec des représentants du gouvernement, notamment ceux qui sont chargés d'enquêter sur les disparitions forcées et de les prévenir, ceux qui s'efforcent de retrouver les personnes disparues et ceux qui sont chargés d'élaborer et de mettre en œuvre les politiques publiques pertinentes.

Il est prévu que des experts assistent aux exhumations effectuées par les autorités. En outre, la délégation se rendra dans des lieux de privation de liberté, tels que des prisons et des centres de détention, afin d'examiner le fonctionnement de leurs systèmes d'enregistrement, l'enregistrement des personnes privées de liberté étant un moyen essentiel de prévenir les disparitions forcées.

"Le Comité se félicite que l'Irak ait accepté cette visite", a déclaré la chef de la délégation du Comité, Carmen Rosa Villa. "Cette coopération est vitale pour tous les pays afin de garantir des progrès dans la mise en œuvre de la Convention pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées."

Selon les informations disponibles, les autorités irakiennes estiment que le nombre de personnes disparues au cours de décennies de conflit et de violations des droits de l'homme s’élève entre 250 000 à plus d'un million.

Les actions d'Alkarama

Depuis des années, Alkarama suit avec une grande préoccupation des cas de disparitions forcées en Irak et a soumis des dizaines de plaintes devant le Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires et le Comité des disparitions forcées chargés de surveiller la mise en œuvre de la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées ratifiée par l’Irak en novembre 2010.

Le directeur d'AlKarama, l'avocat Rashid Mesli, a expliqué, lors de sa participation à un symposium sur les droits de l'homme à l'occasion de la Journée internationale des victimes de disparitions forcées, que "les autorités gouvernementales en Irak ne sont pas sérieuses lorsqu'il s'agit de demander des comptes aux personnes impliquées dans les crimes de disparition et de disparition forcée", faisant référence à la responsabilité de l'État irakien et à la complicité évidente entre les gouvernements successifs et les milices qui commettent ces crimes.

Par exemple, la famille Al Jabouri attend toujours la révélation du sort de M. Mounir Al Jabouri et de ses proches, au sujet desquels Alkarama a contacté le Comité des disparitions forcées. Cependant, tous les efforts déployés par la famille pour localiser les victimes au fil des ans sont restés vains.

Le 17 octobre 2022, l'Irak a été exhorté par le Comité des disparitions forcées des Nations Unies pour révéler le sort du citoyen irakien Amer Al Kartani, qui est porté disparu depuis qu'il a été enlevé du domicile famililal le 21 mai 2014.

En octobre 2009, Alkarama a reçu des informations de l'Irak concernant la réapparition de sept personnes qui avaient été arrêtées et disparues dans le cadre du cas de Mohammad Al Daini, un militant des droits de l'homme bien connu en Irak et un membre du parlement irakien qui avait rendu visite à Alkarama à Genève fin octobre 2008 puis a disparu en Irak le 25 février 2009, ainsi qu'un certain nombre de membres de sa famille et de personnes travaillant avec lui, suite à sa dénonciation des violations des droits de l'homme dans les prisons irakiennes.

En janvier 2022, Alkarama a soumis son rapport alternatif au Comité des droits de l'homme lors de sa sixième session, dans lequel elle a soulevé des points importants concernant les cas de disparitions forcées en Irak.