Yémen: quatre journalistes détenus risquent d'être exécutés
Alkarama a lancé un appel urgent à la Rapporteure spéciale sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, Agnès Callamard, concernant quatre journalistes détenus au Yémen, qui risquent d'être exécutés à la suite d'un procès devant le Tribunal pénal spécialisé des Houthis, sans aucune garantie de normes minimales de Justice.
Les quatre journalistes qui sont : Tawfiq Al-Mansouri, Harith Hamid, Akram Al-Waleedi, Abdul-Khaliq Omran, risquent la peine de mort. Les menaces qu'ils reçoivent dans les prisons du mouvement Houthi d'une éventuelle application de peine de mort à leur encontre sont récurrentes. Ils passent actuellement leur sixième année consécutive en prison, sous une torture psychologique et physique constante. Mi-octobre 2020, cinq journalistes détenus dans les prisons du groupe Houthi (Ansar Allah) ont été libérés à Sanaa, dans le cadre d'un accord d'échange de prisonniers et de ravisseurs conclu sous les auspices des Nations Unies et du Comité international de la Croix-Rouge entre le groupe houthi, le gouvernement yéménite reconnu et l'Arabie saoudite. Cependant de nombreux journalistes, dont les quatre cités plus tôt, mais aussi des militants et autres hommes politiques sont toujours en détention.
Les journalistes libérés ont révélé, lors d'une audition, qu'ils avaient été soumis à de la torture et à des mauvais traitements dans les prisons houthies et qu'ils avaient contracté des maladies chroniques en conséquence de ces mauvais traitements. Iils sont actuellement soignés dans des hôpitaux en dehors du Yémen.
Activité d'Alkarama
Alkarama avait suivi le cas des journalistes yéménites pendant des années et correspondait avec les procédures spéciales des Nations Unies à leur sujet. Le 3 septembre 2015, Alkarama a adressé un appel urgent au Groupe de travail sur la détention arbitraire des Nations Unies concernant neuf journalistes, agés entre 23 et 31 ans, qui ont été enlevés le 9 juin 2015 dans un hôtel de la capitale, le Dream Palace, par des hommes armés houthis qui les ont emmenés vers une destination inconnue, avant de les faire réapparaître dans diverses prisons. Ils ont révélé à leurs familles qu'ils avaient été soumis à de terribles tortures et mauvais traitements et qu'ils avaient été kidnappés en raison de leurs activités de documentation des violations des droits de l'homme.
À l'époque, Alkarama avait exprimé sa crainte que cet enlèvement ne soit une vengeance sur eux pour avoir documenté les violations des droits de l'homme commises par les Houthis, rappelant à toutes les parties au conflit que la disparition forcée est une grave violation du droit international humanitaire et des droits de l'homme et que cette pratique ne peut être justifiée quelles que soient les situations et circonstances.
Les forces houthies ont enlevé les journalistes et les ont emmenés au poste de police d'Al-Ahmar à Al-Hasba et les ont transférés le 3 juillet 2015 à l'unité antiterroriste du département des enquêtes criminelles, rue Al-Adl, du Ministère de l'Intérieur sous le contrôle des Houthis, où ils ont été détenus au secret avant d'être transférés vers une destination inconnue. Plus tard, ils ont été incarcérés à la prison de la sécurité politique. Après des années de détention, de disparition forcée et de torture, ils ont été jugés, et quatre d’entre eux ont été condamnés à mort.
La question des journalistes yéménites kidnappés a fait l'objet d'une large campagne, et le Syndicat des journalistes yéménites, membre de la Fédération internationale des journalistes, et des organisations de la société civile yéménite ont lancé de nombreux appels demandant aux Houthis de les libérer. Les familles des victimes ont également organisé de nombreuses manifestations et ont déposé des plaintes auprès de l'Envoyé spécial des Nations Unies au Yémen, mais en vain.
Les journalistes kidnappés ont mené, à plusieurs reprises des grèves de la faim dans les prisons de la coalition Houthi-Saleh dans la capitale, Sanaa, pour protester contre les tortures et les attaques dont ils sont victimes à l'intérieur de la prison, mais les autorités ont répondu à leurs demandes avec encore plus de répression, d'intimidation et de mauvais traitements.
Alkarama demande à nouveau la libération immédiate des journalistes encore détenus et de tous les militants politiques enlevés et détenus arbitrairement par les différentes parties au conflit sanglant au Yémen.