Yémen : Alkarama partage l'inquiétude du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme quant à l'impact de l'escalade de violence sur les civils
Alkarama partage l’inquiétude Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme face aux effets dévastateurs de l’escalade du conflit au Yémen, en particulier sur les civils, et aux violations par les différentes parties du conflit des droits de l’homme et du droit international humanitaire.
La Commissaire avait déclaré dans un communiqué publié le 28 janvier 2022, que la coalition dirigée par l’Arabie saoudite avait lancé le 21 janvier 2022 trois frappes aériennes consécutives qui ont touché un centre de détention dirigé par le groupe des Houthis, qui se font appeler "Ansar Allah", dans la ville septentrionale de Saada, tuant environ 91 personnes et faisant au moins 236 blessés.
Alkarama suit avec préoccupation la persistance du climat d’impunité pour les crimes de violations des droits de l’homme dans le pays en guerre depuis sept ans, et s’est efforcé ces dernières années de déposer des plaintes individuelles auprès des mécanismes compétents des droits de l’homme des Nations Unies. Dans le cadre du troisième Examen périodique universel du Yémen, Alkarama a souligné dans son rapport parallèle des problèmes tels que le manque d’impartialité et d’efficacité de la Commission nationale d’enquête créée en 2015 pour enquêter sur les violations commis par toutes les parties au conflit, et le manque de coopération avec les mécanismes onusiens des droits de l’homme, notamment le comité contre la torture. Dans son rapport, Alkarama a proposé des recommandations pour renforcer le respect par le Yémen de ses obligations en vertu du droit international humanitaire et des droits de l’homme. Elle s’est concentrée en particulier sur les violations commises contre la population par diverses parties au conflit en cours, les violations du droit international humanitaire commises par les forces américaines et émiriennes dans leurs opérations de lutte contre le terrorisme, et le recours systématique à la détention arbitraire, à la disparition forcée et à la torture, en particulier contre les journalistes, les défenseurs des droits de l’homme et les politiciens.
La Haut-Commissariat aux droits de l’homme a récemment déclaré que les Nations Unies ont enregistré en 2021 que la coalition dirigée par l’Arabie saoudite a effectué environ 600 frappes aériennes par mois, frappant toutes les régions du Yémen. Dans la même année du 2021, les rebelles houthis ont mené de leur côté 340 attaques de missiles et de drones sur le territoire du Royaume d’Arabie saoudite. La Haut-Commissaire a ajouté que depuis le début de cette année 2022 et jusqu’au 26 janvier, la coalition avait effectué 1 403 frappes aériennes. 39 autres attaques transfrontalières étaient menées par les Houthis, certaines contre les Émirats arabes unis, mais la plupart étaient dirigées contre l’Arabie saoudite.
Le groupe des Houthis continue de lancer des attaques aveugles contre des quartiers et des les agglomérations peuplées à travers de nombreuses villes yéménites, sans oublier que des dizaines de civils ont été victimes des mines posées massivement par les Houthis. Au cours de la semaine dernière, Alkarama a documenté trois attaques sanglantes distinctes du mouvement Houthi contre des civils. La première attaque, à Taiz, a tué une femme et en a grièvement blessé une autre lorsqu’un obus est tombé sur une maison isolée de Bilad Al-Wafi située à Jabal Habashi, à l’ouest de Taiz. La deuxième attaque à Marib, qui abrite la plus grande concentration de personnes déplacées du pays, a tué trois civils et en a blessé neuf autres, tandis que la troisième attaque visait une maison dans le village d’Al-Baghil, au sud d’Al-Hodeidah, tuant et blessant trois personnes d’une même famille, dont une fille qui a vu ses jambes amputées à la suite de ses blessures.
Cela survient alors que le Groupe d’experts du Conseil de sécurité sur le Yémen a averti dans son dernier rapport publié il y a quelques jours que l’impunité est devenue la règle plutôt que l’exception en ce qui concerne les violations des droits de l’homme et les violations du droit international humanitaire au Yémen, ajoutant que « l’attaque continue des Houthis contre Ma'rib a eu de graves conséquences pour la population civile, en particulier les personnes déplacées à l’intérieur du pays. ». Ce rapport évoque également de nombreuses violations commises par les différentes parties au conflit au Yémen.