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اليوم العالمي للطفل في اليمن

Alkarama, en collaboration avec 21 organisations de défense des droits humains, a lancé un appel urgent pour protéger l'avenir des enfants au Yémen. Elles ont mis en lumière les défis graves auxquels ces enfants sont confrontés, tels que la violence, le recrutement forcé, les abus sexuels et la privation d'aide humanitaire.

Dans une déclaration à l'occasion de la Journée mondiale de l'enfance, le 20 novembre, les organisations ont insisté sur le fait que des milliers d'enfants sont devenus les victimes d'un conflit qui dure depuis plus de dix ans, exacerbé par de graves violations de leurs droits.

La déclaration a souligné l'urgence de mettre en place des mécanismes internationaux de responsabilité et d'élaborer un plan global pour la réintégration des enfants déscolarisés.

Elle a également exhorté les Houthis à cesser leurs campagnes de désinformation sur les vaccins et à garantir un accès sans entrave des enfants aux services essentiels.

La déclaration indique : « Les parties au conflit, en particulier le groupe Houthi, doivent mettre fin immédiatement à toutes les violations commises contre les enfants, notamment les meurtres, les mutilations, le recrutement, les violences sexuelles, les enlèvements et l'entrave à l'accès à l'aide humanitaire. »

Les organisations ont également exigé la fin des attaques contre les infrastructures médicales et éducatives, ainsi que leur utilisation à des fins militaires.

La déclaration a appelé les parties en conflit, les Nations Unies et la communauté internationale à prioriser la protection des enfants lors des prochaines négociations de paix, en garantissant la justice et la responsabilité, tout en impliquant les organisations de la société civile locales et les victimes dans le processus.

Les organisations ont souligné l'importance de lutter contre l'impunité généralisée et ont exhorté la communauté internationale à éviter de politiser les questions des droits humains au Yémen. Elles ont également plaidé pour la mise en place d'une équipe internationale chargée d’enquêter, de collecter des preuves et de surveiller toutes les violations des droits humains au Yémen, y compris les abus graves à l'encontre des enfants, afin d'assurer la responsabilité.

La déclaration a appelé le gouvernement yéménite et les Nations Unies à élaborer un plan global visant à garantir le retour de tous les enfants déscolarisés, y compris ceux issus de groupes marginalisés et vulnérables, et à prioriser la protection et la réhabilitation des écoles.

La communauté internationale a également été incitée à assumer ses responsabilités pour résoudre la crise de la réduction de l'aide alimentaire, qui constitue une menace sérieuse pour des millions d'enfants yéménites et leurs familles.

Les recherches menées par la Coalition yéménite pour la surveillance des violations des droits de l'homme ont enregistré 283 violations graves contre des enfants entre février 2023 et septembre 2024. Parmi celles-ci, on compte 85 cas de recrutement, 75 cas de meurtres et de mutilations, 45 attaques contre des écoles et des hôpitaux, 24 enlèvements, 14 cas de violences sexuelles et 7 cas d'obstruction à l'aide humanitaire.

Cependant, ces chiffres ne reflètent pas entièrement l'ampleur de la situation. Le rapport du Secrétaire général des Nations Unies sur les enfants et les conflits armés a vérifié 809 violations graves contre 666 enfants en 2023 seulement. L'UNICEF a également signalé que, au cours des neuf dernières années, plus de 11 500 enfants ont été tués ou blessés à cause du conflit, dont 3 900 décès et 7 600 blessures.

Texte de la déclaration : 

Pour l'avenir du Yémen : Les enfants méritent une vie décente et justice 

Lors de la Journée mondiale de l'enfance, les enfants yéménites endurent la pire période de leur vie. Alors que des millions d'enfants à travers le monde célèbrent cette occasion et jouissent de nombreux de leurs droits, les enfants yéménites subissent les conséquences d'une guerre qui dure depuis presque dix ans. Chaque année qui s'écoule sans une solution politique durable signifie un avenir incertain pour les générations futures. La Coalition pour la justice pour le Yémen et les organisations signataires de cette déclaration exhortent toutes les parties au conflit à utiliser cette journée comme un élan inspirant pour protéger les enfants, garantir leurs droits et traduire ces engagements en actions. 

Aujourd'hui, et non demain, pour tous nos enfants, pour notre avenir, et pour les enfants de ceux qui sont impliqués dans le conflit, la guerre doit prendre fin. Les parties en conflit doivent s'engager directement dans des négociations de paix et travailler à garantir que les enfants jouissent de leurs droits entiers, y compris la justice et une vie digne. 

Les enfants yéménites ont enduré une décennie de douleur et de souffrance à cause de la guerre, et aucune partie au conflit ne peut échapper à la responsabilité de ce calvaire. Le groupe Ansar Allah (Houthis), le gouvernement yéménite internationalement reconnu, le Conseil de transition sudiste, les forces conjointes et Al-Qaïda dans la péninsule arabique ont tous été responsables de violations à l'encontre des enfants yéménites. 

En 2024, les auteurs des violations au Yémen ont continué à commettre des violations graves des droits humains contre les enfants, en particulier les groupes les plus vulnérables et marginalisés. Celles-ci incluent des attaques au sol indiscriminées, des frappes de drones, des attaques de snipers, l'utilisation de mines terrestres, des violences sexuelles (en particulier le viol de filles), le recrutement d'enfants soldats et la privation d'aide humanitaire. De telles violations relèvent des "six violations graves contre les enfants" classifiées par les Nations Unies. 

Les recherches de la Coalition yéménite pour la surveillance des violations des droits de l'homme, membre de la Coalition pour la justice du Yémen, ont documenté 283 cas de violations graves contre des enfants entre février 2023 et septembre 2024. Celles-ci incluent 85 cas de recrutement, 75 cas de meurtres et de mutilations, 45 attaques contre des écoles et des hôpitaux, 24 enlèvements, 14 cas de violences sexuelles et 7 cas d'obstruction à l'aide humanitaire. Les victimes comprenaient des personnes déplacées et des groupes marginalisés (une communauté ethniquement marginalisée au Yémen), les garçons représentant 79 % des victimes. Les Houthis ont commis 84 % de ces violations, tandis que le gouvernement yéménite et le Conseil de transition sudiste étaient responsables de 14 %, et 2 % ont été commis par des acteurs inconnus. 

Ces chiffres ne reflètent pas la réalité complète. Selon le rapport du Secrétaire général sur les enfants et les conflits armés, en 2023 seulement, les Nations Unies ont vérifié 809 violations graves contre 666 enfants. L'UNICEF a rapporté qu'en neuf ans, plus de 11 500 enfants ont été tués ou blessés en raison du conflit, dont 3 900 décès et 7 600 blessures. L'avenir des enfants yéménites reste incertain et périlleux. Par exemple, 4,5 millions d'enfants sont déscolarisés, une bombe à retardement qui menace l'avenir du Yémen. De plus, les attaques contre les infrastructures éducatives persistent. L'UNICEF a rapporté en octobre 2022 que près de 3 000 écoles avaient été détruites ou réaffectées à des fins militaires en sept ans. 

Sur le plan humanitaire, environ 10 millions d'enfants ont besoin d'une aide humanitaire urgente, selon les derniers rapports de l'UNICEF. Avec la réduction du nombre de bénéficiaires de l'aide alimentaire par le Programme alimentaire mondial ces derniers mois, le nombre d'enfants nécessitant de la nourriture ou faisant face à une malnutrition aiguë risque d'augmenter considérablement dans les mois à venir. Peter Hawkins, représentant de l'UNICEF au Yémen, a averti d'une "crise du futur" menaçant le Yémen, citant l'augmentation des taux de malnutrition aiguë dépassant 30 % dans certaines zones, tandis que 48 % des enfants souffrent de retard de croissance, affectant leur développement physique et cognitif. La communauté internationale et le Programme alimentaire mondial doivent rapidement trouver des solutions pour résoudre la réduction de l'aide. 

Pendant ce temps, les enfants font face à de nombreux défis pour accéder aux hôpitaux, le plus alarmant étant la forte baisse de l'accès aux vaccins vitaux. Un rapport récent de l'ONU a révélé qu'un enfant sur quatre ne reçoit pas les vaccins recommandés, tandis que 17 % des enfants ne reçoivent aucun vaccin. La plupart de ces chiffres concernent les zones contrôlées par les Houthis, qui ont vu une augmentation des cas de polio et d'autres maladies évitables, telles que la rougeole, en raison des campagnes des Houthis répandant de fausses informations sur les vaccins contre la polio. L'Organisation mondiale de la santé a révélé que 62 000 enfants de moins de cinq ans meurent chaque année en raison de la dégradation des services de santé. 

Sous la pression de la crise économique affectant des millions de familles et du taux élevé d'abandon scolaire, les familles sont contraintes d'envoyer leurs enfants travailler pour les aider. Une étude conjointe de l'Organisation centrale de la statistique et de l'UNICEF pour 2022-2023 a indiqué que 15,9 % des enfants sont engagés dans le travail, dont 23,4 % dans des conditions de travail dangereuses. 

Les souffrances des enfants yéménites persistent, et les violations contre eux continuent en l'absence d'un mécanisme international de responsabilité pour dissuader les parties en conflit de commettre des violations. Les organisations de la société civile au Yémen attendent avec impatience un accord de paix et espèrent que toutes les parties, y compris le gouvernement yéménite, assumeront leurs responsabilités pour protéger les enfants. Cependant, pour que les négociations en cours apportent une paix durable au Yémen, ces discussions doivent inclure la société civile et aborder la justice transitoire et la responsabilité comme des piliers fondamentaux. 

Recommandations des organisations signataires

1. Les parties en conflit, en particulier les Houthis, doivent immédiatement cesser toutes les violations contre les enfants, y compris les meurtres, les mutilations, le recrutement, les violences sexuelles, les enlèvements et l'entrave à l'accès à l'aide humanitaire. Elles doivent s'abstenir d'attaquer les infrastructures médicales et éducatives ou de les utiliser à des fins militaires. 

2. Les parties en conflit, les Nations Unies et la communauté internationale doivent accorder la priorité à la protection des enfants dans les négociations de paix futures pour garantir la justice et la responsabilité. Les organisations locales de la société civile et les victimes des violations doivent être incluses dans ces discussions. 

3. Pour lutter contre l'impunité, la communauté internationale doit éviter de politiser le dossier des droits humains au Yémen et travailler à établir une équipe internationale chargée d'enquêter et de surveiller toutes les violations des droits humains, y compris les violations graves des droits des enfants, afin d'assurer la responsabilité. 

4. Le gouvernement yéménite et les Nations Unies doivent élaborer un plan global pour garantir que tous les enfants actuellement déscolarisés retournent à l'éducation, en donnant la priorité à la protection et à la réhabilitation des écoles. 

5. La communauté internationale doit résoudre la réduction de l'aide alimentaire qui met en danger des millions d'enfants yéménites et leurs familles. 

6. Les Houthis doivent mettre fin à leurs campagnes de désinformation contre les vaccins pour enfants et permettre aux travailleurs de la santé d'administrer des vaccins et de lancer des campagnes de vaccination sans entrave. 

Organisations signataires

1. Coalition yéménite pour la surveillance des violations des droits de l'homme 

2. Organisation de la responsabilité 

3. Fondation culturelle et féministe Al-Amal 

4. Fondation du barrage de Marib pour le développement social 

5. Centre des médias libres pour le journalisme d'investigation 

6. Centre des études stratégiques pour soutenir les femmes et les enfants 

7. Centre des études et des médias économiques 

8. Human Rights Watch 

9. Organisation des mères des détenus 

10. Organisation SAM pour les droits et les libertés 

11. Fondation Ensan pour le développement 

12. Surveillance des droits et des libertés 

13. Association Addameer pour les droits et les libertés 

14. Organisation électronique pour l'information humanitaire 

15. Alkarama - Genève 

16. Fondation Ensemble pour l'essor des femmes et des enfants 

17. Fondation Peace Pathways 

18. Village des médias pour le développement et l'information 

19. Experts en développement 

20. Fondation For You pour la réponse et le développement humain 

21. Centre de développement des médias du Yémen 

22. Fondation SOS pour le développement