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Juan Mendez, UN Special Rapporteur on Torture

Le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture M. Juan E. Méndez, se rendra au Maroc du 15 au 22 septembre 2012. Alkarama se réjouit que le Maroc ait invité l'expert onusien à visiter le pays et en particulier les lieux de privation de liberté et à dialoguer avec les autorités sur cette question. Cependant notre organisation relève la persistance de certaines pratiques visant à museler les défenseurs des droits de l'homme et les victimes, pratiques qui nous paraissent en contradiction avec la volonté affirmée des autorités de lutter contre les violations les plus graves des droits de l'homme.

Pour préparer cette visite, notre organisation avait suggéré à M. Méndez de rencontrer des victimes de tortures, en détention ou non, leurs familles, leurs avocats ainsi que des associations de défense des droits de l'Homme.

Or, de nombreux détenus qui  avaient exprimé leur souhait de rencontrer M. Méndez, notamment le groupe de détenus dans l'affaire dite du « Café Argana »,  ont été transférés récemment de la prison de Zaki à Salé à la prison de Moul Lbargui à Safi.

Ces détenus, victimes de tortures et  pour la plupart accusés de terrorisme et condamnés lors de procès inéquitables uniquement sur la base d'aveux obtenus sur la torture, ont entamé une grève de la faim pour protester contre ces transferts. Un des détenus du groupe affirme qu'ils "visent clairement à nous empêcher de rencontrer le Rapporteur spécial et lui faire part des tortures subies ".

Les autorités et la Délégation générale de l'administration pénitentiaire - placée sous l'autorité directe du Roi- semblent avoir accepté le principe d'une visite du Rapporteur spécial aux prisons de Toulal à Meknes et Zaki à Salé après avoir transféré les nombreux détenus. Depuis le printemps 2011, ces derniers entament des grèves de la faim pour dénoncer les tortures subies, leurs condamnations basées uniquement sur la base d'aveux obtenus sous la torture et demander la révision de leurs dossiers.

Enfin, nous restons particulièrement préoccupés par la convocation de certains défenseurs des droits de l'homme par les services de renseignement marocains qui les ont interrogés au sujet de leur éventuelle rencontre avec le Rapporteur spécial. « Ce type de pratique qui vise clairement à intimider et à museler les défenseurs des droits de l'homme instaure un climat malsain pour cette visite», regrette M. Mesli Directeur du Département juridique d'Alkarama.

Le Rapporteur spécial fera part de ses observations et recommandations préliminaires lors d'une conférence de presse le 22 septembre prochain à Rabat et présentera son rapport final au Conseil des droits de l'homme en 2013.