Syrie : détention arbitraire de M. Ali Al-Abdullah, opposant politique et défenseur des droits de l'homme

M. Ali Saleh Al-Abdullah est journaliste, analyste politique et défenseur des droits de l'homme. Alors qu'en juin 2010 il avait purgé une peine à laquelle il avait été condamné pour ses positions politiques, il a été maintenu illégalement en prison. Le 13 mars 2011 il a été condamné une nouvelle fois à un an et demi de prison ferme pour avoir, à partir de la prison, publié un article critique.


Alkarama s'est adressée le 18 mars 2011 au Groupe de travail sur la détention arbitraire, au Rapporteur spécial sur la situation des défenseurs des droits de l’homme et au Rapporteur spécial sur la promotion et la protection du droit à la liberté d'opinion et d'expression pour leur demander d'intervenir auprès des autorités syriennes afin de faire libérer M. Abdullah, maintenu en détention alors qu'il devait être libéré, jugé lors d'un procès inique et détenu arbitrairement pour ses positions politiques.

M. Ali Saleh Al-Abdullah (علي صالح العبد لله) est âgé de 61 ans et vit près de Damas. Il est journaliste, écrivain et analyste politique spécialisé des questions du monde arabe et écrit dans les quotidiens arabes As safir, Al Hayet, Al Jazeera net ainsi que dans la revue de littérature arabe al adab. Il est également un membre particulièrement actif de l’association des droits de l’homme en Syrie (HRAS) et figure parmi les signataires de la « Déclaration de Damas ».

M. Al-Abdullah a joué un rôle important dans le mouvement pacifiste brièvement toléré à l’arrivée du Président actuel Bashar Al-Assad en 2000. M. Al Abdullah animait alors des groupes d’intellectuels qui réclamaient la fin de l’état d’urgence instauré en 1963, le retour à l’Etat de droit, le pluripartisme et la libération de tous les prisonniers politiques.

M. Al-Abdalluh a été emprisonné plusieurs fois et son cas avait, après son arrestation le 15 mai 2005, été soumis au Groupe de travail sur la détention arbitraire. En dépit de ces persécutions, M. Al Abdullah a continué à dénoncer avec constance toutes les atteintes aux droits de l’homme dans son pays à travers ses prises de position courageuses dans les médias. Il a été arrêté à nouveau le 17 décembre 2007 avant d’être inculpé de « publication de fausses informations de nature à affaiblir le sentiment national ». Il a été condamné à deux ans et demi d’emprisonnement.

M. Al-Abdullah a fini de purger sa peine le 17 juin 2010 mais n’a pas été libéré. Il a en effet été traduit à nouveau devant la Cour criminelle militaire de Damas sous la nouvelle accusation de « perturber la relation entre son pays et un Etat étranger », et ce, pour avoir publié un article écrit en prison sur les relations irano-syriennes. M. Al-Abdullah a été condamné le 13 mars 2011 à un an et demi de prison ferme et reste de fait détenu à la prison d’Adra.

Le 7 mars 2011, M. Al Abdullah et 12 prisonniers politiques de la même prison dont Me Haitham Al Maleh avaient entamé une grève de la faim pour protester contre leur détention et la violation systématique des droits civils et politiques des citoyens syriens. Le 16 mars 2011, les familles de ces détenus politiques ont organisé un sit-in pacifique devant le ministère de l'intérieur pour exiger leur libération. Les participants ont été violemment dispersés pas les forces de sécurité qui ont arrêté 32 personnes dont 23 ont été traduites en justice et restent détenues à ce jour.

Dès lors, il ressort clairement que M. Al Abdullah est détenu arbitrairement, depuis sa première arrestation, et ce, en violation tant de la législation nationale en vigueur en Syrie que des principes internationaux auxquels elle a souscrit.