Syrie: Condamnation injuste d'un éminent avocat défenseur des droits de l'homme

HaithamALMALEH
Haitham Al-Maleh, éminent avocat et défenseur des droits de l'homme syrien, a été condamné le 4 juillet par le tribunal militaire de Damas à 3 ans de prison pour « affaiblissement du sentiment national ». Alkarama réprouve cette condamnation injuste et appelle à sa libération immédiate.

Me Al-Maleh, 78 ans, a été enlevé le 14 octobre 2009 par les autorités syriennes après avoir accordé une interview téléphonique à Barada TV, chaîne de télévision basée à Londres. Interrogé sur la situation des droits de l'homme en Syrie, il a ouvertement critiqué les autorités syriennes pour la constante répression qu'elles exercent contre ceux qui aspirent à s'exprimer librement. Il a aussi dénoncé le fait que les lois sur l'état d'urgence sont régulièrement utilisées pour justifier des violations massives des droits de l'homme. Suite à son arrestation, il aurait passé une semaine détenu au secret avant d'être présenté devant le tribunal militaire de Damas et ce, en dépit du fait que Haitham Al-Maleh! est un civil.

Muhannad Al-Hassani, autre défenseur des droits de l'homme syrien et client de Me Al-Maleh, a également été condamné le 23 juillet 2010 à trois ans de prison par la Cour de sûreté de l'Etat pour des motifs similaires.

Après avoir détenu au secret, Me Al-Maleh a été incarcéré à la prison d'Adra où il est encore détenu actuellement. Il n'a pu bénéficier d'aucun soin médical pendant plus de 4 mois alors qu'il souffre d'hyperthyroïdie et de rhumatismes. Ces mauvaises conditions de détention ont engendré une détérioration sérieuse de son état de santé.

Le 8 avril 2010, Haitham Al-Maleh a comparu pour la première fois devant le tribunal militaire de Damas. Lors de son audition, il s'est vu refuser toute assistance juridique et n'a pas pu prendre connaissance de son acte d'accusation. Il n'a pu également témoigner que lors de son avant-dernière comparution devant le tribunal le 15 juin 2010. Tout au long du procès, les autorités pénitentiaires de la prison d'Adra lui ont refusé le droit d'être assisté par un avocat et il a été contraint d'organiser seul sa défense.

Depuis l'arrestation de Haitham Al-Maleh, Alkarama a soumis son cas au Rapporteur Spécial sur la santé, au Groupe de travail sur les disparitions forcées, au Groupe de travail sur la détention arbitraire, au Rapporteur spécial sur la torture, au Comité contre la torture ainsi qu'au Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban-Ki-Moon.

Alkarama et vingt-et-une autres ONG syriennes et internationales ont écrit conjointement au président syrien Bachar Al-Assad afin de lui demander de libérer Me Al-Maleh. A ce jour, les autorités syriennes n'ont fait aucune déclaration publique à ce sujet.

Alkarama considère que le procès et la condamnation de Haitham Al-Maleh par le tribunal militaire de Damas constituent une violation du Pacte international relatif aux droits civils et politiques auquel la Syrie est partie depuis le 21 avril 1969. Nous demandons sa libération immédiate ainsi que celle de tous les prisonniers politiques détenus en Syrie pour avoir exprimé librement leurs opinions.