
Le 15 avril 2025, Alkarama a soumis sa contribution au rapport annuel du Secrétaire général des Nations Unies sur les actes de représailles contre les personnes coopérant avec les mécanismes onusiens des droits de l’homme. Cette initiative, fondée sur la résolution 12/2 du Conseil des droits de l’homme, vise à documenter les mesures d’intimidation ciblant ceux qui sollicitent la protection du droit international.
Fidèle à son engagement, Alkarama y signale cette année deux cas emblématiques : Mohamed Attaoui, militant marocain de l’environnement, et Safar Al Hawali, intellectuel saoudien détenu arbitrairement sans jugement depuis 7 années. Tous deux incarnent la diversité et la gravité des représailles infligées à ceux qui osent faire entendre leur voix sur la scène internationale.
Maroc – Mohamed Attaoui
Militant pour la préservation des forêts de cèdres de l’Atlas, Mohamed Attaoui a été pris pour cible après avoir dénoncé publiquement l’exploitation illégale de la cédraie de l’Atlas marocain. Fondateur d’une association locale, il a fait l’objet de multiples arrestations arbitraires, de violences, de poursuites abusives suivies de procès inéquitables et d’une suspension professionnelle.
Après avoir mandaté Alkarama, qui a saisi le Rapporteur spécial sur l’environnement en août 2023, les représailles se sont intensifiées : interrogatoires répétés, condamnation à huit mois de prison, privation de salaire et saisie de biens. Cette escalade, révélatrice d’une volonté de réprimer toute contestation, a été portée à la connaissance du Secrétaire général dans la contribution d’Alkarama.
Arabie saoudite – Safar Al Hawali
Détenu depuis 2018 pour ses écrits critiques, Safar Al Hawali a vu son cas examiné par le Comité des droits des personnes handicapées à l’initiative d’Alkarama. Les experts du Comité ont reconnu dans leur décision la violation de ses droits fondamentaux. Cependant, au lieu de s’y conformer, les autorités saoudiennes ont riposté en niant la situation de handicap de M. Al Hawali, en formulant a posteriori des accusations de terrorisme, et en ciblant les membres de sa famille pour leur coopération avec les mécanismes onusiens.
Ses quatre fils, son frère et même un collaborateur ont été arrêtés, puis lourdement condamnés – jusqu’à 17 ans de prison – dans des procédures iniques marquées par l’absence de toutes garanties pour un procès équitable. La réponse officielle de l’État saoudien au Comité, transmise en novembre 2024 dans le cadre de la procédure, constitue en elle-même un acte de représailles : elle nie les faits établis, discrédite M. Al Hawali et remet en cause la légitimité du système onusien.
Une tendance alarmante : la peur au-delà des frontières
Alkarama observe également une recrudescence des représailles contre les familles de ressortissants arabes en exil, notamment en Europe et en Amérique du Nord. De plus en plus réticentes à collaborer avec les ONG, ces familles sont dissuadées par la peur d’intimidations exercées, y compris sur leurs proches restés au pays.
Cette stratégie transnationale représente une menace pour l’intégrité du système des droits de l’homme de l’ONU, dont l’efficacité repose sur la libre expression des victimes.
Alkarama alerte sur cette dynamique inquiétante et appelle à des garanties accrues pour la protection des familles de victimes en exil, souvent principales interlocutrices de la société civile.