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اليوم الدولي لحقوق الإنسان 2025

À l’occasion de la Journée internationale des droits de l’homme, les organisations signataires réaffirment une vérité fondamentale : les droits humains ne sont ni des concessions accordées par les gouvernants ni des privilèges susceptibles d’être révoqués ou négociés. Cette réalité concerne tout particulièrement les droits civils et politiques, piliers essentiels de la dignité humaine ; leur violation entraîne inévitablement des conséquences profondes et durables au sein des sociétés.

Alors que cette journée devrait symboliser des progrès, le monde est confronté à une succession de crises révélant un net recul des droits fondamentaux. Cette régression est particulièrement perceptible dans plusieurs pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, où les atteintes ont atteint des niveaux alarmants.

Palestine

La situation humanitaire demeure catastrophique à Gaza comme en Cisjordanie, où les violations commises s’apparentent à des crimes de guerre et à des crimes contre l’humanité. À Gaza, des actes pouvant constituer un génocide sont perpétrés par le recours à la famine comme arme, le siège étouffant, les bombardements indiscriminés et la destruction massive des infrastructures civiles.

En Cisjordanie, les arrestations arbitraires, les exécutions extrajudiciaires, les attaques quotidiennes, les destructions de biens et les violences des forces d’occupation et des colons connaissent une escalade notable, parallèlement à une expansion accélérée des colonies.

Plusieurs États européens persistent dans une politique clairement partiale en faveur d’Israël, affaiblissant les tentatives d’imposer une reddition de comptes et privant les Palestiniens de la protection internationale urgente dont ils ont besoin. Cette partialité se traduit notamment par le rejet de certaines résolutions onusiennes et par la poursuite d’un soutien militaire et financier malgré les violations documentées.


Égypte

La situation des droits humains continue de s’aggraver, avec des milliers de détenus politiques maintenus en détention provisoire prolongée sans procès équitable. Des femmes et des jeunes filles sont également incarcérées pour avoir exprimé pacifiquement leurs opinions ou en raison de liens familiaux avec des opposants.

Les condamnations à mort prononcées à l’issue de procédures ne respectant pas les standards minimaux restent extrêmement préoccupantes. Les signalements de torture, de mauvais traitements, de restrictions aux visites familiales et de privation de soins médicaux sont fréquents dans les centres de détention.

Parallèlement, les libertés publiques subissent de nouvelles restrictions, tandis que la dégradation des droits socio-économiques entraîne un accroissement de la pauvreté et accentue les difficultés d’accès à l’éducation et aux services essentiels.


Tunisie

La Tunisie connaît une détérioration accélérée depuis un an. Les arrestations ont visé des personnalités politiques, dont le président du Parlement et leader du parti Ennahda, Rached Ghannouchi, ainsi que l’opposant et avocat Ahmed Nejib Chebbi, interpellé peu avant la publication de cette déclaration, dans le cadre de mesures jugées anticonstitutionnelles et menaçant l’indépendance du pouvoir judiciaire.

Des magistrats, avocats, journalistes, blogueurs, professionnels des médias et défenseurs des droits humains ont également été appréhendés. Les restrictions visant les femmes engagées dans les secteurs des droits humains et des médias se sont renforcées, illustrées récemment par l’arrestation de l’activiste Shaimaa Issa.


Soudan (Darfour, camps de déplacés, Al-Fashir et au-delà)

Le Soudan traverse l’une des pires crises humanitaires de la région. L’intensification des combats au Darfour et la prise de contrôle de nombreuses zones par les Forces de soutien rapide exposent les civils à des massacres, à des violences sexuelles, à la destruction d’infrastructures essentielles—mosquées, écoles, cliniques—ainsi qu’à des vagues massives de déplacement et à l’effondrement des services vitaux.


Libye

Les détentions arbitraires, les actes de torture, les conditions de détention inhumaines et les disparitions forcées affectant migrants et demandeurs d’asile demeurent monnaie courante, dans un contexte où peu de mécanismes judiciaires ou internationaux exercent un contrôle réel.

En mai 2025, une vidéo a révélé le député Ibrahim Abou Bakr Al-Darsi, entravé et humilié, victime de sévices. Disparu depuis mai 2024 après un événement officiel organisé par le « Commandement général » de Khalifa Haftar, son cas ravive des préoccupations persistantes quant à l’implication militaire dans des abus visant même des responsables bénéficiant d’immunité parlementaire.


Syrie

Malgré quelques évolutions politiques, la situation des droits humains en Syrie demeure alarmante. Le Haut-Commissariat des Nations unies recense de multiples cas d’enlèvements et de disparitions forcées. Parmi les cas récents figure la disparition, en juillet 2025, d’un volontaire des Casques blancs lors d’une mission humanitaire.

Dans le nord-ouest du pays, des organisations internationales ont documenté des attaques meurtrières ayant coûté la vie à des familles entières, témoignant d’une intensification de la violence aveugle contre les civils.

Yémen

Les arrestations arbitraires, les enlèvements, les incursions dans les domiciles, la répression des manifestations et les restrictions sévères à la liberté d’expression persistent dans le contexte d’un conflit prolongé qui continue de dévaster la population.

À Aden, entre décembre 2024 et mai 2025, une organisation locale a recensé environ 219 violations visant manifestants, civils, femmes, enfants, journalistes et militants, incluant détentions arbitraires, disparitions forcées, violence contre les rassemblements pacifiques et agressions contre des civils.

Le conflit persistant, l’effondrement des services de base et l’aggravation des risques pesant sur les droits fondamentaux accentuent la vulnérabilité des populations.


Émirats arabes unis

Les Émirats arabes unis maintiennent un environnement parmi les plus restrictifs en matière de liberté d’expression dans la région, mobilisant les lois antiterroristes et la législation sur la cybercriminalité pour pénaliser les opinions pacifiques et prolonger les détentions de dissidents au-delà de leurs peines. L’affaire des « EAU 94 » demeure emblématique de violations structurelles, auxquelles s’ajoute le soutien matériel apporté à des groupes armés impliqués dans des abus dans plusieurs pays arabes.


Arabie saoudite

La situation des droits humains en Arabie saoudite continue de se détériorer. Les tribunaux spécialisés imposent régulièrement des condamnations sévères contre écrivains, militants et défenseures des droits des femmes, parfois pour de simples publications sur les réseaux sociaux. De nombreux prisonniers d’opinion demeurent incarcérés au terme de procédures qui ne respectent pas les normes internationales.

Les restrictions imposées à la société civile et à la liberté d’expression restent généralisées, tandis que des cas de disparition forcée et d’interdictions de voyager visant militants et familles sont documentés.


Liban

La torture dans les centres de détention demeure courante et sert souvent à extorquer des aveux. Les civils sont de plus en plus fréquemment traduits devant des tribunaux militaires. Le cas d’Abdelrahman Al-Qaradawi, citoyen turc d’origine égyptienne expulsé illégalement et aujourd’hui victime de disparition forcée, constitue un exemple flagrant de répression transfrontalière.


Maroc

Les familles des personnes disparues de force continuent d’attendre des informations sur le sort de leurs proches.

Les dernières années ont été marquées par une dégradation notable des libertés fondamentales—en particulier la liberté de réunion. Bien qu’elle soit garantie par la Constitution, les autorités répondent aux mobilisations, notamment celles menées par la « Génération Z », par une forte pression sécuritaire, des poursuites judiciaires et des arrestations ciblant militants et étudiants.

L’incarcération persistante de Mohamed Ziane, ancien ministre et figure reconnue du milieu juridique et des droits humains, demeure un indicateur préoccupant du recul de l’indépendance judiciaire.


Appels urgents

Nous appelons la communauté internationale, les Nations unies et les instances régionales à dépasser les déclarations de principe pour agir concrètement : protéger les civils, mettre fin aux violations et garantir que les responsables répondent de leurs actes.

Nous exhortons également à garantir un accès immédiat et sans entrave à l’aide humanitaire et médicale dans toutes les zones touchées, y compris Gaza et les camps de déplacés, ainsi qu’à assurer la protection intégrale des équipes de secours.

Nous demandons enfin la libération immédiate de toutes les personnes détenues arbitrairement et la garantie de leur protection contre la torture et les mauvais traitements.

Engagement des organisations signataires

Les organisations signataires réitèrent leur détermination à documenter les violations, à soutenir les victimes, à défendre les droits humains et à poursuivre les responsables, quelle que soit la durée du processus.

Organisations signataires

  1. EFDI International – Belgique

  2. Association des Victimes de Torture – Genève

  3. Justice for Human Rights Organization – Turquie

  4. Tawasol Human Rights Organization – Pays-Bas

  5. Cedar Human Rights – Liban

  6. Free Voice for Human Rights – Paris

  7. Al-Shehab Human Rights Center – Londres

  8. Egyptian Rights Council – Genève

  9. Alkarama for Human Rights – Genève

  10. Solidarity for Human Rights – Genève

  11. Human Rights Monitor – Londres