Libye : Le Procureur de la Cour pénale internationale visite des fosses communes à Tarhuna

المقابر الجماعية في ليبيا

Le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI), M. Karim Khan, a confirmé, lors de l’exposé semestriel au Conseil de sécurité de l'ONU depuis Tripoli, en Libye, qu'il avait obtenu des éléments de preuve relatifs aux violations commises par les forces du retraité général de division Khalifa Haftar, notamment des exécutions extrajudiciaires, des enlèvements, des violences sexuelles, des séquestrations, des mutilations de cadavres, des disparitions forcées, des prises d'otages et des pillages, ainsi que des frappes aériennes aveugles, l'utilisation de mines, des violations des droits de l'homme lors de procès militaires de civils et la destruction de biens.

Le Procureur de la Cour pénale internationale, M. Karim Khan, a informé le Conseil de sécurité de sa visite de sites à Tarhuna où des fosses communes ont été découvertes. Il a dit avoir vu une "scène misérable" de boîtes métalliques dans lesquelles les gens étaient forcés d'entrer et de vivre dans des "conditions extrêmement épouvantables" qui s'apparentent à une "inhumanité calculée". Il a également mentionné la visite de fermes qui se sont transformées en charniers et en sites d'enfouissement "où les corps étaient jetés sans cérémonie (d'enterrement)." Il a salué le travail des experts médico-légaux libyens qui ont retiré des tas d'ordures, y compris "des chiens et des chèvres morts" pour retrouver les corps qui s’élèvent désormais à plus de 250, dont beaucoup n'ont pas encore été identifiés.

Alkarama avait fait la lumière sur les crimes commis par les forces du général Khalifa Haftar avec le soutien des gouvernements arabes. De temps en temps, la Libye est témoin d'assassinats de commandants de terrain dans les forces de Haftar qui sont recherchés pour des crimes internationaux et pour leur implication dans des crimes de guerre, y compris des exécutions sur le terrain contre des civils.

Alkarama avait exprimé ses préoccupations face à ces assassinats qui semblent faire partie d’un plan visant à liquider les témoins à charge contre les grands criminels recherchés par la justice et leurs soutiens régionaux et internationaux.

Dans ce contexte, Alkarama a écrit à plusieurs organes de l'ONU concernés par la situation en Libye, notamment à la Mission d'établissement des faits sur la Libye établie par le Conseil des droits de l'homme pour enquêter sur ces assassinats et en révéler les circonstances.

Lors de sa visite, le Procureur de la Cour pénale internationale, M. Karim Khan, a également rencontré les familles des victimes à Tarhuna qui ont rapporté, selon lui, des témoignages déchirants.

Ce dernier a exprimé que l'engagement à obtenir justice "n'est pas une idée abstraite et est vraiment très important" ajoutant que "les victimes veulent que la vérité soit obtenue, que leurs voix soient entendues, et que les allégations soient jugées légalement par des juges indépendants et impartiaux."

Il a souligné que la communauté internationale ne peut pas laisser se répandre "un sentiment que l'impunité est inévitable", notant que la nouvelle feuille de route qui s'est définie dans son rapport publié en avril dernier donnera des résultats et une plus grande transparence aux travaux de la Cour pénale internationale.

Le Procureur a annoncé que d'autres demandes de mandats d'arrêt avaient été soumises aux juges indépendants de la CPI mais n'a pas donné de détails en raison de la nature confidentielle de ces demandes. Il a déclaré que d'autres demandes d'arrestation représentant un "nouveau modèle de travail" seraient soumises par son bureau et a souligné que cet élan accru n'aurait pu être atteint qu'en partenariat avec les parties prenantes en Libye, en particulier le travail de M. Mohamed Younis Al-Munfi, président du Conseil présidentiel libyen.

La Cour pénale internationale de La Haye a établi une liste inculpant Mahmoud Al Werfalli, parmi les principaux conseillers du général Khalifa Haftar, soupçonné d'avoir tué plus d’une quarantaine de prisonniers. Al Werfalli apparaît notamment dans une vidéo relative à un incident survenu en 2018 dans laquelle il tire sur 10 prisonniers aux yeux bandés.


Le 24 mars 2021, Al Werfalli a été assassiné dans des circonstances mystérieuses qui pourraient faire partie du processus de neutralisation des "agents d'exécution" de la scène libyenne afin de blanchir l'image des hauts dirigeants et d'éluder leur responsabilité dans les crimes en tant que commanditaires.

Le 27 juillet 2021, le chef de la milice de Haftar, accusé de crimes de guerre, Muhammad Al Kani, ainsi qu'un de ses compagnons ont également été assassinés par balles sur leur lieu de résidence dans la zone de Boatni, au sud-est de Benghazi. Al-Kani qui était l'un des chefs du général Khalifa Haftar était également responsable de la 9e brigade d'infanterie de la ville de Tarhuna connue sous le nom de milice Al Kaniyat. Al-Kani était l'une des personnes recherchées par la Cour pénale internationale et accusée par le ministère public libyen d'avoir commis des meurtres de masse à Tarhuna, au sud-est de la capitale, Tripoli.

La milice de Haftar est soutenue par l'Égypte, l'Arabie saoudite, la Russie et la France.