Membre engagé du Parlement omanais et militant environnementaliste, Talib Al Mamari recevra le Prix Alkarama 2015 pour les défenseurs des droits de l'homme dans le monde arabe, en reconnaissance de son important travail de défense des droits de l'homme dans le pays − particulièrement depuis la répression à l'égard de la société civile à la suite des manifestations de 2011. Sa nomination honore aussi le courage du parlementaire qui n'a jamais hésité à plaider la cause de la société civile devant le Parlement omanais et à rappeler au gouvernement et aux entreprises pétrochimiques leurs obligations. La Fondation Alkarama présentera son Prix 2015 au Centre œcuménique à Genève le mardi 8 décembre 2,015 à la veille de Journée des Droits de l'Homme (10 Décembre).
« Talib Al Mamari est un prisonnier d'opinion et un courageux défenseur des droits de l'homme. Par sa lutte non violente contre des politiques environnementales néfastes à Oman, il est devenu un modèle dans la région en tant que militant dédié vraiment proche des préoccupations des citoyens. Toute l'équipe d'Alkarama est fière de lui rendre hommage », a exprimé Mourad Dhina, Directeur exécutif d'Alkarama.
Élu au Conseil de la Choura en 2011, Al Mamari a consacré sa vie à défendre la primauté du droit et à veiller à la responsabilité gouvernementale dans la protection de l'environnement et de la santé publique à Oman. Toujours resté fidèle à son engagement, il aura payé le prix de sa liberté et ses droits fondamentaux. Trois jours après avoir participé à une manifestation pacifique contre la pollution pétrochimique menaçant la santé publique dans sa ville natale de Liwa, Al Mamari a été arrêté le 24 août 2013 et accusé d' « encombrement ». Libéré sous caution le 11 octobre 2013, il a été arrêté à nouveau quelques heures plus tard avant d'être poursuivi et jugé lors d'un procès inéquitable.
Suite à son arrestation, le parlementaire omanais a été placé en cellule d'isolement dans la prison de la sécurité nationale de Muscat et n'a pas été autorisé à voir son avocat pendant toute la période précédant son appel. En décembre 2013, la Cour de Muscat l'a condamné à quatre ans de prison ferme et 500 rials (environ 1.300 dollars) d'amende pour avoir « nui au prestige de l'État » et un an pour « trouble de l'ordre public » et « entrave à la circulation ». Rejugé plusieurs fois, il a finalement été condamné par la Cour d'appel à quatre ans de prison ferme et 700 rials (environ 1'800 dollars) d'amende le 31 octobre 2014.
Il est depuis détenu dans la prison Sama'il près de Muscat, en dépit d'un Avis émis par le Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire en novembre 2014 (GTDA), suite à une communication présentée par Alkarama, qualifiant sa détention d' « arbitraire » et demandant au gouvernement d'Oman « à prendre les mesures nécessaires pour remédier à la situation du Dr Al. Mamari », y compris « à le libérer immédiatement et à lui accorder un droit à réparation ». Son cas a également été examiné par le Comité des droits de l'homme de l'Union interparlementaire, qui a reconnu l'importance d'Al Mamari en tant que parlementaire ainsi que l'essentielle nécessité de protéger ses droits à la liberté d'expression et de réunion pacifique.
« Le cas d'Al Mamari est emblématique de la répression systématique des autorités sur la critique », a expliqué Radidja Nemar, Conseillère juridique pour les pays du Golfe. « Il a été arrêté simplement pour avoir aidé ses électeurs qui l'ont élu pour faire valoir leurs droits à un environnement sain et sûr par des moyens démocratiques et pacifiques. En le gardant en prison, c'est le processus démocratique même que les autorités omanaises compromettent. »
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À propos du Prix Alkarama pour les défenseurs des droits de l'homme
Le Prix Alkarama est un prix symbolique décerné chaque année à une personne ou une organisation qui a contribué de manière significative à la promotion et la protection des droits de l'homme dans le monde arabe. Parmi les anciens lauréats figurent Abdulelah Haider Shaye (Yémen, 2013), Saud Al Hashimi & Dr Mohamed Al Roken (Arabie Saoudite et Émirats Arabes Unis, 2012), Aida Seif Al Dawla & Saïd bin Zair (Égypte & Arabie Saoudite, 2011), Haithem al Maleh (Syrie, 2010), et Ali Yahia Abdennour (Algérie, 2009).