Irak : M. Alweis en danger de mort par manque de soins médicaux

Le 5 mars 2010, Alkarama a soumis le cas de Heikal Alweis (هيكل اللويس), également connu sous le nom de Mus'ab Alweis (مصعب اللويس, au Rapporteur spécial sur le droit de toute personne de jouir du meilleur état de santé physique et mentale susceptible d'être atteint.

M. Alweis a été arrêté par les autorités irakiennes le 2 décembre 2004 dans la région de Mahmudiyah en Irak sans mandat d'arrêt puis détenu par les forces multinationales. Il a ensuite été remis aux autorités irakiennes le 10 janvier 2007 selon les autorités irakiennes. M. Alweis est actuellement détenu à la prison fédérale de Sousse, dans la région de Sulaymaniyah qui est contrôlée par les forces kurdes.

M. Heikal Alweis est un apatride de 29 ans qui réside habituellement dans le quartier de Alzeimia, (région de Ta'nayel, Bekaa, à l'est du Liban) avec ses parents qui ont obtenu la nationalité libanaise récemment. Il y travaille comme forgeron.

La mère de la victime est partie du Liban pour lui rendre visite le 5 novembre 2009 après avoir été informée par le Comité international de la Croix-Rouge de sa situation. M. Alweis a donné à sa mère une lettre expliquant les tortures qu'il a subies et le manque de soins médicaux. Il lui a aussi dit que les articles 10 et 15 de la « loi sur les passeports » constituaient la base des accusations portées contre lui. Ces dispositions s'appliquent à ceux dont la présence sur le territoire irakien est illégale. Selon nos sources, les personnes condamnées sur la base de ces articles de loi risquent généralement au maximum une peine de 3 ans de prison. M. Alweis a, quant à lui, été condamné à une peine très lourde : 15 ans de prison. Il va sans dire que la sévérité de cette peine a une forte incidence sur son état psychologique.

L'état de santé de M. Alweis est très préoccupant. Il a souffert d'une inflammation de la vessie car pendant 8 mois il n'a eu qu'un accès limité aux toilettes. En dépit du fait que son état de santé nécessite une opération de toute urgence, les autorités continuent d'ignorer ses demandes répétées pour faire l'objet d'une prise en charge médicale. A ce jour, il n'a reçu aucun traitement médical, ce qui constitue une violation des obligations internationales de l'Irak en vertu du droit international des droits de l'homme. L'état de santé de M. Alweis a commencé à se détériorer en 2009. Lorsque sa mère lui a rendu visite en prison, il ne pouvait ni bouger les jambes, ni même marcher. Nous craignons que sa vie ne soit en danger et qu'il ne souffre aussi bien physiquement que moralement à cause de cette maladie grave.

En outre, M. Alweis n'a pas pu recevoir d'autres visites de sa famille. En effet, il est très difficile pour sa mère de se déplacer pour le voir du fait de la grande distance qui sépare son domicile de la prison et du manque de moyens financiers. Sa situation matérielle s'est aggravée depuis la mort du père de la victime : ce dernier est décédé suite à un accident vasculaire cérébral qu'il a fait après avoir appris que son fils était détenu dans des conditions inhumaines en Irak.

Nous sommes très préoccupés par l'état de santé de M. Alweis qui s'est gravement détérioré du fait de l'immobilisme des autorités irakiennes qui le détiennent actuellement. Cette négligence est contraire aux obligations de l'Irak en vertu de l'article 12 du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels qui stipule : « le droit qu'a toute personne de jouir du meilleur état de santé physique et mentale qu'elle soit capable d'atteindre. »

Alkarama reste profondément inquiète par la situation de Heikal Alweis et continuera de suivre son cas de près.