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Guantanamo BehavioralHealthUnit Source AlJazeera

De nombreux détenus à Guantanamo ont entamé une grève de la faim en février 2013 pour demander leur libération et leur transfert vers leurs pays d'origine. Et au cours de sa première campagne présidentielle et lors de son discours le 23 mai dernier à l'Université de la défense nationale américaine, le président américain s'est engagé à fermer Guantanamo, à libérer tous les détenus et  les transférer vers leurs pays d'origine ou vers des pays tiers. Les détenus poursuivront leur grève de la faim tant que ces paroles ne seront pas suivis d'actes.

Détenu depuis 11 ans à Guantanamo et en grève de la faim depuis plus de cinq ans, Abdelrahman Shalabi Issa Awaydah, est l'un d'entre eux. 

Né à Médine, ce Saoudien de 38 ans a étudié au collège Al-Daawah de l'université d'Imam Muhammad Bin Saud en Arabie saoudite. En 1999, il s'est rendu en Afghanistant pour étudier la théologie à Khost pendant deux ans. Les autorités pakistanaises l'ont arrêté le 15 décembre 2001 à la frontière afghane alors qu'il avait décidé de rentrer dans son pays. Le 26 décembre, les autorités pakistanaise l'ont remis aux forces américaines. Abdelrahman a été détenu à Kandahar, en Afghanistant avant d'être transféré à Guantanamo le 11 janvier 2002.

Les autorités américaines ont libéré plusieurs détenus saoudiens de Guantanamo après intervention des autorités saoudiennes. M. Awaydah et 16 autres détenus n'ont pas concernés par ces accords entre les deux pays et sont toujours emprisonnés à Guantanamo.

Abdelrahman a été détenu en cellule d'isolement pendant six ans jusqu'au début de l'année 2008. C'est uniquement à ce moment-là qu'il a pour la première fois été autorisé à effectuer des appels vidéo d'une heure avec sa famille tous les deux mois.

M. Awaydah n'a jamais été informé des accusations portées contre lui et n'a jamais été jugé depuis son arrestation en 2001. Pour protester contre sa détention illégale, il a commencé une grève de la faim en 2005.

Aujourd'hui, huit ans après, il continue sa grève de la faim, conscient que c'est le seul moyen dont il dispose pour augmenter la pression sur les autorités américaines.

Il rapporte qu'en 2009, l'un des médecins de Guantanamo l'a menacé: "Si tu ne manges pas, on va t'attacher et on te mettra un tube dans le nez pour remplir ton estomac de nourriture".

Le 6 juin dernier, Alkarama a informé le Groupe de travail sur la détention arbitraire de l'ONU sur la situation de M.Awaydah, précisant que son cas n'était pas isolé.

Adel Hasan Hamad Al Mutlab, Hamid Ali Amanu Jadallah, et Salim Mahmud Adam Al Sudaniin ont tous été libérés en 2007 sans aucune compensation et sans qu'aucune procédure judiciaire n'ait été entamée.

Alkarama a également rappelé aux experts onusiens l'Avis 5/2003 qu'ils ont adopté sur la détention de Mourad Benchellali et de trois autres co-détenus à Guantanamo emprisonnés sans accusations, ni procès. Le Groupe de travail a noté dans cet avis que priver M. Benchellali de sa liberté était contraire à l'article 9 de la Déclaration universelle des droits de l'homme et au Pacte international relatif aux droits civils et politiques.

Par ailleurs, le cinquième amendement de la Constitution américaine stipule: « Nul ne sera tenu de répondre d'un crime capital ou infamant sans un acte de mise en accusation, spontané ou provoqué, d'un Grand Jury".

Les Etats-Unis sont également partie au Pacte international relatif aux droits civils et politiques, dont l'article 9 stipule:
1. Tout individu a droit à la liberté et à la sécurité de sa personne. Nul ne peut faire l'objet d'une arrestation ou d'une détention arbitraire. Nul ne peut être privé de sa liberté, si ce n'est pour des motifs, et conformément à la procédure prévus par la loi.
2. Tout individu arrêté sera informé, au moment de son arrestation, des raisons de cette arrestation et recevra notification, dans le plus court délai, de toute accusation portée contre lui.
3. Tout individu arrêté ou détenu du chef d'une infraction pénale sera traduit dans le plus court délai devant un juge ou une autre autorité habilitée par la loi à exercer des fonctions judiciaires, et devra être jugé dans un délai raisonnable ou libéré. La détention de personnes qui attendent de passer en jugement ne doit pas être de règle, mais la mise en liberté peut être subordonnée à des garanties assurant la comparution de l'intéressé à l'audience, à tous les autres actes de la procédure et, le cas échéant, pour l'exécution du jugement.
4. Quiconque se trouve privé de sa liberté par arrestation ou détention a le droit d'introduire un recours devant un tribunal afin que celui-ci statue sans délai sur la légalité de sa détention et ordonne sa libération si la détention est illégale.
5. Tout individu victime d'arrestation ou de détention illégale a droit à réparation.

Il ne fait aucun doute que la détention de M.Awaydah sans accusation ni jugement depuis son arrestation il y a douze ans est arbitraire, d'autant qu'il n'a jamais pu contester sa détention lors d'un procès équitable. Que sa famille ignore où il était détenu pendant près de 7 ans est contraire à la constitution américaine et à la législation internationale des droits de l'homme.

Alkarama a appelé le Groupe de travail sur la détention arbitraire à condamner la détention de la victime et à intervenir auprès des autorités américaines afin qu'elles ordonnent sa libération immédiate et qu'elles lui fournissent une compensation proportionnelle au préjudice subi. Alkarama a également demandé au Groupe de travail d'exiger la fermeture de Guantanamo, devenu le symbole aux yeux de tous du manquement des Etats-Unis à leurs obligations en matière de droit international des droits de l'homme.