Emirats Arabes Unis : une experte de l'ONU appelle Abou Dhabi à libérer 5 défenseurs des droits humains

groupe emirats

La Rapporteure spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l'homme, Mary Lawlor, a appelé les Émirats arabes unis à libérer immédiatement cinq défenseurs des droits de l'homme emprisonnés depuis 2013, se référant aux allégations de torture, de mauvais traitements et de procès inéquitables.
Dans une déclaration, l'experte des droits de l'homme de l'ONU a demandé aux autorités des Émirats arabes unis de libérer immédiatement Mohammed Al-Mansoori, Hassan Mohammed Al-Hammad, Hadif Rashid Abdullah Al-Owais, Ali Saeed Al-Kindi et Salim Hamdoun Al-Shehhi qui font partie du groupe dit des "Émirats 94".   Ce groupe comprend des avocats, défenseurs des droits de l'homme  et universitaires, condamnés à 10 ans de prison en juillet 2013 pour "conspiration visant à renverser le gouvernement !".
La Rapporteure spéciale a déclaré : "leurs peines étaient extrêmement sévères et leur détention a été considérée comme arbitraire selon le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire. Ils n'auraient jamais dû être arrêtés en premier lieu pour leur exercice légitime des libertés auxquelles tout le monde a droit." Selon la Rapporteure spéciale, les procédures engagées contre les cinq défenseurs des droits de l'homme ont débuté dans le cadre d'une campagne de plus en plus intense menée par les autorités des Émirats arabes unis contre les personnes et les organisations qui appellent à une réforme politique pacifique.


Procès inéquitables et torture
La Rapporteure spéciale a indiqué que les conditions de leurs  procès pourraient avoir violé leur droit à un procès équitable, en leur refusant ou en leur limitant  l'accès à un avocat, y compris pendant l'enquête.
 Mary Lawlor a déclaré : "J'appelle les autorités des Émirats arabes unis à libérer ces défenseurs des droits humains afin qu'ils puissent poursuivre leur travail significatif et nécessaire en faveur des droits humains". Elle a ajouté qu'il existe des allégations " troublantes " selon lesquelles ils ont été soumis à des périodes prolongées d'isolement cellulaire, ce qui peut être assimilé à de la torture.
Selon d'autres allégations, les autorités éteignent les climatiseurs lorsque la température dépasse 40 degrés Celsius, couvrent les fenêtres et empêchent les détenus de voir la lumière du soleil.
L'experte des Nations Unies, qui a contacté les autorités des EAU à ce sujet, a exprimé sa vive inquiétude quant à leur emprisonnement prolongé et a exhorté le gouvernement à les libérer immédiatement.


Activité d'Alkarama
De son côté, Alkarama a suivi depuis des années les cas de prisonniers de conscience et de persécution des défenseurs des droits de l'homme aux EAU, et a soumis des plaintes individuelles concernant nombre d'entre eux aux procédures spéciales des Nations Unies. Alkarama a également alerté le Conseil des droits de l'homme sur la répression des défenseurs des droits de l'homme dans le cadre des rapports de l'Examen périodique universel des EAU. Elle s'est également engagée dans de vastes campagnes en faveur des droits de l'homme afin de pousser la communauté internationale à faire pression sur les EAU pour qu'ils mettent fin à la série de répressions et de persécutions dont sont victimes les militants politiques et les défenseurs des droits de l'homme.
À la lumière des plaintes soumises par Alkarama et d'autres organisations, le Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire, dans sa résolution n° 60/2013, datée du 9 septembre 2013, concernant ces détenus, a conclu que les accusations portées contre eux entrent dans le cadre des droits à la liberté d'expression, soulignant les restrictions imposées à ces droits ne pouvaient  pas dans ce cas être considérées comme proportionnées et justifiées. Sachant que les personnes susmentionnées ont été placées en isolement sans aucune justification légale après leur arrestation, et que les accusations portées contre eux à un moment ultérieur étaient vagues et inexactes. L'équipe de l'ONU a considéré que les violations du droit à la liberté d'opinion et d'expression et du droit à un procès équitable dans cette affaire sont graves.