Emirats arabes unis: détention au secret de M. Al Junahi

M. Abdurahmane Abdelkarim Al Junahi, qui a été détenu arbitrairement pendant 19 mois en Arabie Saoudite et transféré aux Emirats Arabes Unis le 24 novembre 2008, est emprisonné depuis plus de 150 jours au secret.

Alkarama avait par le passé sollicité le Groupe de travail sur la détention arbitraire (communiqué du 24 janvier 2008) , et le Rapporteur spécial sur la torture (communiqué du 23 janvier 2009). En date du 24 avril 2009, Alkarama s'est une nouvelle fois adressée au Groupe de travail sur la détention arbitraire pour l'informer de la situation de M. Al Junahi qui n'a pas changé depuis son extradition le 24 novembre 2008 par les services de sécurité d'Arabie Saoudite vers les Emirats arabes unis.

M. Al Junahi continue en effet à être détenu par les services de sécurité des Émirats arabes unis dans un lieu non déterminé et ce depuis aujourd'hui plus de 150 jours.

En dépit de ses nombreuses démarches, sa famille n'a pas obtenu à ce jour la confirmation officielle de son arrestation et de sa détention par les autorités des Émirats arabes unis.

Lors d'une mission aux Emirats arabes unis mi-avril 2009, Alkarama a pu constater que M. Al Junahi ne fait toujours pas l'objet de poursuites légales et n'a jamais été présenté devant un magistrat pour être légalement inculpé.

Force est donc de constater qu'après avoir été détenu arbitrairement pendant 19 mois en Arabie Saoudite, M. Al Junahi est aujourd'hui privé de sa liberté d'une manière tout aussi arbitraire aux Émirats, pour des motifs qui n'ont jamais été portés à la connaissance de sa famille.

Pour rappel
M. Khellil Abdurahmane Abdelkarim AL JUNAHI, 37 ans, est ressortissant des Emirats arabes unis et résidait régulièrement en Arabie saoudite où il effectuait des études en sciences religieuses depuis plusieurs années.

Il avait été arrêté par les services des renseignements généraux saoudiens (Al Mabahit Al Aama) le 26 avril 2007 à l'aéroport de Riyad. Sa famille n'avait pu connaître son lieu de détention et lui rendre visite à la prison de Alicha près de Ryad que trois mois plus tard. Les autorités affirmaient qu'il ne lui était rien reproché de précis, qu'il " s'agissait seulement d'une mesure préventive " et qu'il serait bientôt libéré.

La famille a tenté d'obtenir de ses nouvelles aux Emirats arabes unis auprès du ministère de l'intérieur. Les fonctionnaires ont d'abord nié sa remise par les autorités saoudiennes. Ce n'est que devant l'insistance de la famille que les autorités émiraties ont reconnu deux semaines plus tard sa détention " pour enquête " en affirmant qu'il s'agissait d'une procédure habituelle et qu'il serait certainement libéré dans les deux semaines au plus tard sans autre précision.
Son actuelle privation de liberté constitue donc incontestablement une violation par l'État des Émirats Arabes Unis des principes et normes légales tant internes qu'internationales pertinentes énoncées dans la Déclaration universelle des droits de l'homme.