Le 28 mars 2017, Alkarama et la Ligue Djiboutienne des Droits Humains (LDDH) représentée par Me Zakaria Abdillahi, ont saisi le Rapporteur Spécial sur le droit de réunion pacifique et d'association (RS RPA) d'un appel urgent à la suite de la récente vague d'arrestations à Djibouti qui a touché 19 membres Mouvement pour le Renouveau Démocratique (MRD). Nombre d’entre eux restent à ce jour détenus dans des conditions particulièrement difficiles dans les locaux de la gendarmerie de Djibouti ou à la prison centrale de Gabode. En dépit des démarches de leur avocat Me Zakaria Abdillahi, les victimes n'ont pas pu bénéficier de son assistance, d'un droit de visite ou d'un examen médical.
Entre les 13 et 22 Mars 2017, les 19 membres du MRD ont été arrêtés par la Section de Recherche et de Documentation (SRD) de la Gendarmerie de Djibouti-ville. Toutes ces arrestations ont été opérées sans mandats de justice et les victimes n’ont pas été informées officiellement des raisons de leur arrestation. Si certaines personnes ont été libérées après quelques jours, d’autres, sont toujours arbitrairement détenues en garde-à-vue à la Gendarmerie de Djibouti-ville.
Selon les informations recueillies par la LDDH auprès des personnes libérées, ces dernières auraient été interrogées sur le programme d'action sociale du MRD, et en particulier sur les microcrédits accordés principalement à des mères de familles démunies. Toutefois, le Président du MRD a affirmé que les motifs invoqués par le procureur de la République ne seraient qu’un prétexte et que ces arrestations seraient motivées par des questions d’ordre politique découlant des activités sociales du mouvement.
Le 23 mars 2017 à 17h, après plusieurs jours de garde-à-vue, neuf des 19 militants du MRD arrêtés ont été déférées, sans l’assistance de leur avocat, devant le procureur de la République de Djibouti-ville, M. Maki Omar Abdoulkader. Parmi les neuf militants présentés au parquet, quatre d’entre eux, Naguib Al Gouradi, Farah Abadid Hildid, Mahmoud Mohamed Daher et Ibrahim Abdi Indayareh, ont été placés sous mandat de dépôt et transférés à la prison centrale de Gabode. Le 28 mars 2017, ces derniers ont été condamnés à deux mois de prison ferme pour « activités politiques illégales ». Le même jour, et alors qu’ils avaient été libérés le 23 mars 2017, le Secrétaire Général du MRD Djama Houssein Robleh, ainsi que le militant Hared Daher, ont été condamnés à la même peine pour les mêmes motifs, un mandat d’arrêt a été lancé à leur encontre.
« Nous sommes particulièrement inquiets suite à cette vague d’arrestations arbitraires et aux témoignages de personnes libérées, rapportant que les opposants politiques seraient détenus dans des conditions particulièrement difficiles et exposés à un risque de mauvais traitements en représailles à des activités pacifiques » a affirmé Radidja Nemar, responsable juridique Afrique du Nord – Nil à Alkarama. « Les autorités doivent garantir à toute personne détenue l’accès à un avocat et à un examen médical en accord avec le droit djiboutien et international ».
Ainsi, Alkarama et la LLDH ont sollicité l’intervention urgente du Rapporteur spécial sur le droit de réunion pacifique et d'association (RS RPA) auprès des autorités djiboutiennes pour leur demander de libérer immédiatement tous les membres du MRD encore détenus à ce jour.
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