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Mohamed Ahmed Edou

Mohamed Ahmed Edou dit Mohamed Djabha, le plus ancien détenu politique à Djibouti a été condamné le 18 juin dernier à 15 ans de prison. Ce ressortissant djiboutien d’origine érythréenne, membre du Front pour la Restauration de l’Unité et de la Démocratie (FRUD)  et opposant de la première heure à la dictature dans son pays avait été arrêté à Djibouti le 1er mai 2010. Il était accusé d’avoir créé « une organisation paramilitaire » et d’avoir « collaboré avec une puissance étrangère ». En dépit des nombreux appels à sa libération et malgré son état de santé particulièrement préoccupant, il reste détenu arbitrairement, depuis sept années, à la prison de Gabode dans des conditions inhumaines.

Suite à son arrestation, Mohamed Djabha avait été détenu au secret sans procédure judiciaire pendant 58 jours dans différents locaux des services de renseignements militaires. Au cours de cette période, il a été brutalement torturé et contraint à signer un document rédigé en français, langue qu’il ne comprend pas. Ces aveux ont par la suite été utilisés contre lui pour l’accuser d’avoir organisé un groupe armé dans le but de commettre des attentats dans le pays avec la « complicité d’une puissance étrangère ».

Ce n’est que deux mois après son arrestation, le 30 juin 2010, qu’il a été présenté pour la première fois devant le Procureur de Djibouti, sans avocat et sans interprète en langue Afar. Il a cependant nié toutes les accusations portées contre lui et expliqué avoir été contraint sous la torture à signer un document qui l’incriminait qu’il ne pouvait pas lire. Le Procureur a toutefois confirmé les accusations portées contre lui et prononcé son maintien en détention.

Déféré devant la Cour criminelle de Djibouti le 18 juin 2017, il a été condamné à 15 ans d’emprisonnement en dépit de toutes les violations de ses droits les plus fondamentaux à un procès équitable. Au cours du procès, son avocat, Me Zakaria Abdillahi, n’avait pas manqué de dénoncer ces violations tout en exprimant ses plus vives craintes face à la potentielle expulsion de son client en Ethiopie il risquait d’être torturé voire exécuté. L’audience du 18 juin 2017, a été qualifiée de « sans surprise » par son avocat : Mohamed Djabha a été condamné à 15 ans de prison par la Cour criminelle de Djibouti en dépit de l’irrégularité de la procédure et son état de santé préoccupant.

 « Cette condamnation est contraire aux obligations internationales de Djibouti et au droit Djiboutien, a affirmé Radidja Nemar, responsable juridique Afrique du Nord et Nil à Alkarama. « Mohamed Djabha a vu ses droits les plus fondamentaux violés par les autorités et n’a pas eu droit à un procès équitable. Nous appelons donc les autorités à le libérer », a-t-elle conclu.

Le 16 juin 2017, le cas de Mohamed Djabha a été soumis au Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés ainsi qu’au Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Droits de l’Homme, afin que ce dernier intervienne en urgence auprès des autorités djiboutiennes les sommant de ne pas expulser Mohamed Djabha vers l’Éthiopie en ce qu’une telle décision représenterait un risque réel pour sa vie et de le libérer.

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