Alkarama a saisi en urgence le Groupe de Travail des Nations Unies sur la détention arbitraire (GTDA) du cas de Mouhayadine Yacin Mohamed et Charmake Said Darar, deux jeunes militants Djiboutiens arrêtés arbitrairement par la police le 8 décembre 2014. Ils sont respectivement le président et le porte-parole du Mouvement des jeunes de l'opposition (MJO), un groupe pacifique créé en janvier 2011 qui appelle à des réformes démocratiques à Djibouti.
Les deux jeunes ont été arrêtés à leurs domiciles respectifs dans le quartier de Balbala, au sud de Djibouti-ville, par des policiers qui n'ont pas montré de mandat d'arrêt et les ont violemment battus à coups de crosses. Emmenés au poste de police du 4ème arrondissement de Balbala, ils ont été placés en garde-à-vue, dans des conditions particulièrement difficiles et sans pouvoir bénéficier de l'assistance de leur avocat, Me Zakaria Abdillahi Ali.
Ils ont ensuite été déférés, toujours en l'absence de leur avocat, devant le substitut du Procureur du tribunal de Djibouti et inculpés de « manifestation illicite », de « troubles à l'ordre public » ainsi que de « violences et de dégradations », des accusations qu'ils contestent, la manifestation alléguée n'ayant jamais eu lieu. Malgré de nombreuses contusions sur le corps et de vives douleurs, ils se sont vus refuser l'accès à un médecin.
A l'issue de leurs garde-à-vue de 48h, ils ont été transférés et placés sous mandat de dépôt à la prison de Gabode, connue comme étant une zone de non-droit où la torture et pratiquée, et réputée pour ses conditions de détention épouvantables. Après avoir été détenus dans des conditions particulièrement humiliantes, le 14 décembre 2014 ils ont comparu devant le tribunal des flagrants délits, qui a prononcé la mise en liberté provisoire de M. Yacin Mohamed,mais refusé celle de M. Said Darar, en dépit de l'inconsistance des accusations formulées contre lui et de l'absence totale d'éléments matériels dans son dossier. Le tribunal a renvoyé l'affaire à son audience du 21 décembre 2014.
Ces deux militants payent le prix de leur engagement politique pacifique envers les autorités, qui maintient une position d'intimidation violente envers toute personne ou association formulant des revendications démocratiques à son encontre. Ce harcèlement constant envers les opposants politiques à Djibouti a été de nombreuses fois questionné par les organes des Nations Unies et il est temps pour les autorités de prendre des mesures concrètes pour garantir le libre exercice par les citoyens Djiboutiens de leurs droits civils et politiques, tels qu'inscrits dans le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) ratifié par Djibouti en novembre 2011.
C'est en ce sens qu'Alkarama a saisi le GTDA afin qu'il demande aux autorités d'abandonner toutes les charges pénales retenues contre M. Yacin Mohamed et M. Said Darar en raison de leur engagement politique pacifique. M. Said Darar, qui reste détenu à ce jour devrait aussi pouvoir bénéficier d'urgence d'un examen médical et de l'assistance de son avocat. Les autorités Djiboutiennes doivent mettre fin à la répression contre les groupes politiques d'opposition et assurer le respect de ses engagements internationaux.
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