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Comme annoncé dans son communiqué du 24 décembre 2013, le Conseil de la Fondation Alkarama était en séance ouverte ces derniers jours pour étudier les mesures à prendre pour faire face à la décision du Département du Trésor américain de qualifier Dr Abd al-Rahman Alnaimi comme "terroriste international spécialement désigné".

Dès qu'il eut pris note de la décision américaine, M. Alnaimi a annoncé au Conseil de Fondation sa démission pour ne pas "porter préjudice à l'organisation" et pour "se consacrer à démontrer l'inanité des graves accusations dont il est victime de la part les autorités US". Le Conseil a alors dans une première étape décidé d'accepter la démission de M. Alnaimi.

Cependant, après des consultations avec des avocats, notamment aux Etats-Unis, des partenaires d'Alkarama, et de longues discussions au sein du Conseil de la Fondation, une majorité des membres du Conseil a estimé que la démission n'est pas opportune. Le Conseil est ainsi revenu sur sa décision et a rejeté la démission de M. Alnaimi.

M. Alnaimi a rédigé un affidavit où il réfute toutes les accusations du Département du Trésor US et affirme être prêt à comparaître devant un tribunal pour se défendre. Cet affidavit a été transmis officiellement aux autorités américaines.

M. Alnaimi est connu pour ses positions politiques refusant l'intervention militaire étrangère ainsi que son opposition aux régimes violant les droits de leurs citoyens dans la région. Il l'a cependant toujours fait dans le cadre du droit internationale. Il est donc fort probable que ce soient ces positions, certainement exploitées par des gouvernements liberticides de la région qui n'ont pas hésité à fournir des informations fallacieuses aux autorités américaines, qui sont à l'origine des accusations dont il est victime.

Il est aussi regrettable que certains officiels de pays de la région ainsi que des médias n'ont pas hésité dès l'annonce de la décision américaine de semer le doute en déclarant que c'était l'organisation Alkarama qui était concernée par ladite décision, tentant par là de discréditer son travail ainsi que celui de ses organisations partenaires arabes et internationales.

Alkarama considère que ce n'est pas seulement son président - à titre personnel - qui est visé par cette décision, mais aussi l'organisation et son action en matière de défense des droits de l'homme dans le monde arabe.

Les douze dernières années ont démontré, hélas, que le black-listing de l'Administration US a touché de nombreux innocents. La liste des individus et organisations ainsi désignés depuis 2001 est longue et il aura fallu de nombreuses années pour que des mis en cause soient retirés des listes qui auront le plus souvent porté un préjudice irréparable à leur honneur et à leur travail suite à des accusations qui se sont révélées totalement infondées.

Il est inadmissible que de nos jours encore, un État, fusse-t-il le plus puissant, puisse continuer à prendre des décisions arbitraires, voire à exécuter sommairement des personnes, sans aucune procédure judiciaire et sans aucune voie de recours possible. Il devient aussi évident que l'alibi de la « lutte contre le terrorisme » est brandi une nouvelle fois dans la région arabe pour museler la société civile et entraver tout processus visant à instaurer l'Etat de droit et promouvoir les libertés fondamentales.

La Fondation Alkarama continuera sa mission avec le dévouement et le professionnalisme qui l'ont animée et qui sont reconnus par ses pairs, dans le respect des valeurs et principes qui l'ont toujours guidée, et œuvrera pour lever tout soupçon qui entacherait sa réputation.

8 janvier 2014
Le Conseil de la Fondation Alkarama