Arabie saoudite : Le journaliste yéménite Marwan Al Muraisy, expulsé vers son pays après des années de détention arbitraire

مروان المريسي

Les autorités saoudiennes ont libéré le journaliste yéménite, Marwan Al Muraisy, après près de cinq ans de détention arbitraire, de mauvais traitements et de souffrances infligées à sa famille. Les autorités ont décidé de l’expulser vers le Yémen sans lui accorder d’indemnisation pour les violations subies.

En novembre 2022, des sources saoudiennes des droits de l’homme ont révélé que la Cour d’appel pénale spécialisée dans les affaires de sûreté de l’État avait prononcé une peine de cinq ans de prison contre le journaliste Marwan Al-Muraisy et décidé d’annuler la décision rendue précédemment par un tribunal de première instance dans laquelle il avait été acquitté des charges retenues contre lui.

En septembre 2018, Alkarama s’est adressé au Groupe de travail des Nations unies sur les disparitions forcées ou involontaires pour solliciter une intervention urgente auprès des autorités saoudiennes concernant le cas du journaliste disparu depuis son arrestation par les autorités saoudiennes début juin 2018.

Al-Muraisy, qui vit et travaille en Arabie saoudite depuis 2003, collaborait avec des médias saoudiens dont MBC et Al-Majd TV Network. Grâce à son activité, qui se concentre principalement sur les médias numériques, le contenu créatif et le marketing électronique, il a pu attirer de nombreux adeptes sur les médias sociaux.

Selon des sources proches d’Al-Muraisy, il a emmené l’un de ses fils à l’hôpital, puis est retourné chez lui pour y trouver des membres des forces de sécurité. Les forces de sécurité l’ont arrêté et forcé à les accompagner vers une destination inconnue. Ses proches ignoraient ce qu’il était advenu de lui et où il se trouvait, bien qu’ils aient déposé plusieurs plaintes auprès des autorités saoudiennes, jusqu’à ce qu’Al-Muraisy ne soit autorisé à passer un appel téléphonique à sa famille le 15 mai 2019, pour leur apprendre qu’il était détenu à la prison d’Al-Ha’ir à Riyad.

Le 1er janvier 2020, la mort de son fils Sanad a été annoncée, mais les autorités ne l’ont pas autorisé à lui faire ses adieux ni à participer à ses obsèques. Al-Muraisy n'a jamais commenté ou critiqué publiquement la politique saoudienne.

En juin 2016, il est apparu dans une interview télévisée aux côtés du célèbre prédicateur réformateur Cheikh Salman al-Awda, détenu arbitrairement depuis plus d'un an et dont l'accusation a requis la peine de mort. Au cours de l'entretien, Al-Muraisy n'a parlé que du nombre croissant de ses adeptes sur Twitter et a évoqué les outils modernes disponibles sur Internet pour transmettre des informations au public arabe.

L'une des victimes d'une campagne frénétique

La disparition d'Al-Muraisy s'inscrit dans le cadre de la campagne d'arrestations massives et de disparitions forcées en Arabie saoudite qui a débuté en septembre 2017, ciblant des personnes issues de tous les horizons sociaux, notamment des membres de la famille royale, des défenseurs des droits humains, des hommes d'affaires, des personnalités religieuses et des personnalités publiques. Elle a suscité une condamnation et des critiques internationales généralisées.

Le 17 septembre 2018, Alkarama a saisi le Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires de cette question, exprimant son inquiétude face à cette campagne, et lui a demandé d'intervenir pour exiger des autorités du pays qu'elles libèrent Al-Muraisy et, dans tous les cas, le placent sous la protection de la loi et informent ses proches de son sort et de l'endroit où il se trouve.