Arabie saoudite : Une sentence injuste contre le journaliste yéménite Marwan Al-Muraisy malgré un acquittement antérieur

مروان المريسي

Alkarama a appris de sources saoudiennes de défense des droits de l'homme que la Cour d'appel pénale spécialisée dans les affaires de sécurité de l'État avait prononcé une peine de cinq ans de prison contre le journaliste yéménite détenu, Marwan Al-Muraisy.

En septembre 2018, Alkarama s'était adressée au Groupe de travail des Nations unies sur les disparitions forcées ou involontaires, demandant une intervention urgente auprès des autorités saoudiennes concernant le cas du journaliste Al-Muraisy, qui a disparu depuis son arrestation par les autorités saoudiennes début juin 2018.

Al-Muraisy, qui vit et travaille en Arabie saoudite depuis 2003, a collaboré avec des organisations médiatiques saoudiennes, notamment MBC et Al-Majd TV. Grâce à son activité, qui se concentre principalement sur les médias numériques, le contenu créatif et le marketing électronique, il a pu attirer de nombreux adeptes sur les médias sociaux.

Selon des sources proches d’Al-Muraisy, il a emmené l’un de ses fils à l’hôpital, puis est retourné chez lui pour y trouver des membres des forces de sécurité. Les forces de sécurité l’ont arrêté et forcé à les accompagner vers une destination inconnue. Ses proches ignoraient ce qu’il était advenu de lui et où il se trouvait, bien qu’ils aient déposé plusieurs plaintes auprès des autorités saoudiennes, jusqu’à ce qu’Al-Muraisy ne soit autorisé à passer un appel téléphonique à sa famille le 15 mai 2019, pour leur apprendre qu’il était détenu à la prison d’Al-Ha’ir à Riyad.

Le 1er janvier 2020, la mort de son fils Sanad a été annoncée, mais les autorités ne l’ont pas autorisé à lui faire ses adieux ni à participer à ses obsèques.

Al-Muraisy n'a jamais commenté ou critiqué publiquement la politique saoudienne. En juin 2016, il est apparu dans une interview télévisée aux côtés du célèbre prédicateur réformateur Cheikh Salman al-Awda, détenu arbitrairement depuis plus d'un an et dont l'accusation a requis la peine de mort, en raison d'un tweet qu'il a publié dans le contexte de la crise diplomatique. Dans le Golfe, il a appelé à une médiation entre les autorités qataries et saoudiennes.

Au cours de l'entretien, M. Al-Muraisy n'a parlé que du nombre croissant de ses adeptes sur Twitter et a évoqué les outils modernes disponibles sur Internet pour transmettre des informations au public arabe.

L'une des victimes d'une campagne frénétique

La disparition d'Al-Muraisy s'inscrit dans le cadre de la campagne d'arrestations massives et de disparitions forcées en Arabie saoudite qui a débuté en septembre 2017, ciblant des personnes issues de tous les horizons sociaux, notamment des membres de la famille royale, des défenseurs des droits humains, des hommes d'affaires, des personnalités religieuses et des personnalités publiques. Elle a suscité une condamnation et des critiques internationales généralisées.

Le 17 septembre 2018, Alkarama a saisi le Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires de cette question, exprimant son inquiétude face à cette campagne, et lui a demandé d'intervenir pour exiger des autorités du pays qu'elles libèrent Al-Muraisy et, dans tous les cas, le placent sous la protection de la loi et informent ses proches de son sort et de l'endroit où il se trouve.