Arabie Saoudite : Appel urgent envoyé par Alkarama à l’ONU concernant la demande du ministère public d’exécuter l’universitaire Awad Al-Qarni

Dr Awad Al-Qarni

Alkarama a adressé un appel urgent au Rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, au Rapporteur spécial sur le droit à la liberté d’opinion et d’expression et à un certain nombre d’autres procédures spéciales des Nations Unies concernant la requête du ministère public saoudien de condamner à mort  l’universitaire Awad bin Mohammed Al Qarni.

Alkarama condamne fermement l’utilisation du pouvoir judiciaire comme outil politique pour assassiner des leaders d’opinion et des militants en Arabie saoudite par des condamnations à mort, pour des accusations liées à l’exercice du droit à l’opinion, à l’expression et à la dissidence pacifique, telles que la demande par le parquet saoudien d’une peine injuste à l’encontre de l’éminent prédicateur réformiste Awad Al Qarni.

Le procureur saoudien avait requis la peine de mort contre Awad Al Qarni après l’avoir reconnu coupable d’une série d’accusations, notamment de possession d’un compte Twitter et d’utilisation de WhatsApp pour diffuser des informations qualifiées d’« hostiles » au royaume.

L’arrestation d’Al Qarni s’inscrit dans le cadre d’une vaste campagne d’arrestations lancée par l’appareil de sécurité de l’État saoudien en conjonction avec l’annonce du blocus du Qatar, et malgré l’annonce de la fin de la crise et de la réconciliation dans le Golfe. Les victimes innocentes sont toujours affligées face à la répression et aux abus et aucun signe ne laisse figurer une fin imminente de leurs souffrances.

Le « Guardian »

Non seulement les autorités saoudiennes ont persécuté Al Qarni et violé ses droits, mais elles l’ont dépeint dans les médias qu’elles contrôlaient comme un prédicateur dangereux. En réalité, « il était un intellectuel important et respecté avec une forte présence sur les médias sociaux, y compris 2 millions d’adeptes sur Twitter », selon un rapport du Guardian.

Le procureur a demandé au tribunal pénal saoudien spécialisé dans les affaires de sécurité de l’État de condamner à mort l’éminent professeur de droit Awad Al Qarni pour différents prétendus crimes notamment, selon des documents judiciaires consultés par The Guardian, la possession d’un compte Twitter qui contredit le gouvernement et l’utilisation de WhatsApp pour diffuser des informations jugées « hostiles » au royaume.

Terrible entonnoir

Le 9 septembre 2017, plusieurs membres des forces saoudiennes, certains en civil et d’autres en uniforme et lourdement armés, ont fait irruption au domicile du Dr Awad Al Qarni dans la nuit. Ils ont fouillé la maison en montrant leurs armes aux membres de sa famille et en semant la terreur et la panique parmi les enfants et les femmes. Ensuite, ils ont confisqué tous les ordinateurs et téléphones et même les jeux pour enfants. Enfin, M. Al Qarni a été emmené vers une destination inconnue.

Le fils du professeur Awad Al Qarni, Nasser Awad Al Qarni, qui a réussi à quitter l’Arabie saoudite, a publié une série de vidéos détaillant les arrestations, les persécutions, les actes de torture, la répression et les actes d’intimidation dont son père et sa famille ont été victimes.

La famille d’Al Qarni n’a pas eu de ses nouvelles pendant plusieurs semaines suivant son arrestation jusqu’au jour où il a été autorisé à passer un bref appel téléphonique et à les informer qu’il était détenu à la prison de Dhahban à Djeddah. Là encore, il a été coupé du monde extérieur pendant environ six mois. Après avoir été détenu au secret pendant six mois, sa famille a été autorisée à lui rendre visite et à constater que son état de santé s’était détérioré.

Les actions d’Alkarama

Alkarama a constamment suivi des cas de détention arbitraire en Arabie saoudite et des condamnations injustes contre des prisonniers d’opinion et des militants, y compris le cas du Dr Awad Al Qarni.

En septembre 2022, Alkarama, d’autres organisations de défense des droits humains et des militants saoudiens et étrangers ont lancé une campagne de défense des droits humains pour exiger la libération des prisonniers d’opinion dans le pays et dénoncer les peines injustes récemment prononcées par les autorités saoudiennes contre un certain nombre de prisonniers d’opinion, y compris des détenus dont les peines ont expiré, et ce, en violation flagrante des principes de justice et des lois et conventions internationales.

Alkarama a exprimé à plusieurs reprises la détérioration de la situation des droits de l’homme en Arabie saoudite et a soumis plusieurs rapports et plaintes aux organes des droits de l’homme et aux procédures spéciales des Nations Unies. Le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire a publié plusieurs avis confirmant la nature arbitraire de la détention et des poursuites, mais les autorités saoudiennes y ont répondu avec davantage répression et de mépris au dépend de leurs obligations en vertu du droit international relatif aux droits humains. Dans plusieurs cas, ils sont allés jusqu’à recourir à des représailles contre les victimes et/ou leurs familles pour avoir déposé des plaintes devant l’ONU.