Il y a quatre ans, à Riyad en Arabie saoudite, onze militants des droits de l'homme ont fondé l'Association saoudienne pour les droits civils et politiques (ACPRA), une organisation indépendante de défense des droits de l'homme spécialisée sur la question épineuse de la détention arbitraire dans le royaume. Malgré une décision de justice en faveur de sa dissolution, l'ACPRA a travaillé sans relâche aux côtés des familles de victimes, les encourageant à défendre leurs droits et porter plainte contre le ministère de l'Intérieur. Quatre ans après sa création, huit des membres de l'organisation – ayant coopéré avec les mécanismes des Nations Unies – sont derrière les barreaux, purgeant des peines allant jusqu'à 11 ans de prison pour insulte au pouvoir judiciaire. Après les défenseurs des droits de l'homme saoudiens Mohammad Fahad Al-Qahtani, Abdullah Al-Hamid, Mohamed Saleh Al-Bjadi, Abdulkarim Youssef Al-Khodr, Suleiman Ibrahim Al-Rashudi, Omar Al-Said et Saleh Al-Ashwan, Fawzan Al-Harbi est le dernier militant en date emprisonné par les autorités saoudiennes en raison de ses activités de défenseur des droits de l'homme.
Le président par intérim de l'ACPRA, Fawzan Al-Harbi, a été arrêté arbitrairement le 26 décembre 2013 après sa seconde audience devant le Tribunal pénal spécialisé, à Riyad. Depuis, il est détenu à la prison Al-Malaz dans de mauvaises conditions.
Depuis le 11 mai 2013, il fait l'objet d'une enquête menée par le Bureau général des investigations et des poursuites de Riyad. M. Al Harbi aurait été interrogé exclusivement sur ses activités de défenseur des droits de l'homme, ses publications et ses comptes sur les réseaux sociaux, son implication dans les activités de l'ACPRA et ses rapports avec les autres membres de l'association, les militants pour les droits de l'homme et les détenus. Il avait, à ce moment-là, confié à Alkarama : « Je m'attends à être arrêté ».
Sept mois plus tard, Fawzan Al Harbi était convoqué par le Tribunal pénal spécialisé de Riyad pour la première audience de son procès et s'est présenté à la Cour de son plein gré. Il est accusé de « formuler et répandre de fausses informations sur le gouvernement saoudien » ainsi que de « porter des accusations contre les pouvoirs judiciaire et exécutif, sur la base d'accusations fabriquées, remettre en question l'intégrité de procédures judiciaires, critiquer les forces de sécurité et de tourner l'opinion publique contre les autorités de l'État. »
Lors de la seconde audience qui a eu lieu le 26 décembre 2013, le juge Omar Ben Ali Al Sahn a ordonné l'arrestation de M. Al Harbi. Cette décision semble être motivée par les déclarations faites par M. Al Harbi lors de la première audience, au cours de laquelle il avait reconnu son association avec l'ACPRA et réitéré ses appels pour un plus grand respect des droits civils et politiques garantis par le droit international. Malgré les questions soulevées par l'avocat de M. Al Harbi sur les bases juridiques de la décision prise par le juge, aucune réponse ne lui a été communiquée. Lors de la troisième audience du 9 janvier 2014, le juge avait également refusé de répondre aux questions de l'avocat quant aux motifs de la détention de M. Al Harbi, en lui disant seulement que « les bases juridiques motivant la décision de l'arrestation seraient fournies lors du jugement final ».
Le 22 janvier 2014, Alkarama a appelé d'urgence le Groupe de travail sur la détention arbitraire des Nations Unies à intervenir auprès des autorités saoudiennes pour obtenir la libération immédiate de Fawzan Al Harbi.