Algérie : Décès suspect en détention du journaliste Mohamed Tamalt
Le journaliste algérien Mohamed Tamalt, âgé de 42 ans, est décédé dimanche 11 décembre 2016 à Alger suite à une longue grève de la faim entamée pour protester contre sa détention arbitraire. Son décès est survenu après un coma de trois mois. Son arrestation avait eu lieu le 27 juin 2016, huit jours après avoir quitté le Royaume-Uni où il résidait pour revenir à Alger. Avant son retour, le journaliste avait pourtant été assuré qu’il ne serait pas inquiété en raison de ses activités de journaliste et de ses critiques à l’égard du régime. Il cependant été arrêté par le Département du Renseignement et de la Sécurité (DRS) et auditionné à la caserne d’Antar avant d’être présenté devant le parquet du Tribunal d’Alger qui a ordonné son placement en détention.
Déféré le 11 juillet 2016 devant le tribunal correctionnel d’Alger sous l’accusation d’« outrage à corps constitués et à la personne du président » pour avoir critiqué le chef de l’Etat et des responsables politiques sur son compte Facebook ; il a été condamné à deux années de prison ferme et 200.000 dinars d’amende, peine confirmée en appel par la cour d’Alger.
Pour protester contre sa condamnation, Mohamed Tamalt avait alors entamé une grève de la faim à la suite de laquelle il a été hospitalisé. Dès sa première visite au service de réanimation de l’hôpital de Bab El Oued, son frère a dénoncé le fait que M. Tamalt avait plusieurs points de suture à la tête, preuves des coups reçus en détention. Ni sa famille ni ses avocats n’avaient depuis été autorisés ni à lui rendre visite ni à obtenir des informations sur son état de santé, se voyant refuser l’accès à son dossier médical. Après ce refus constant de communiquer toute information, les explications contradictoires données par les autorités sur les raisons du décès du journaliste ont renforcé les suspicions de sa famille et de ses avocats quant à la cause réelle de sa mort. Sa famille et ses avocats dénoncent aujourd’hui « un assassinat ».
Face à la gravité des allégations des proches du journaliste, Alkarama a saisi le Rapporteur spécial sur la liberté d’expression (RS FRDX) et le Rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires (RS SUMX) les appelant à exiger des autorités algériennes qu’elles mènent une enquête prompte, impartiale et exhaustive afin de faire la lumière sur le décès suspect de M. Tamalt et de communiquer en toute transparence sur cette enquête.
« La situation en matière de liberté d’expression et d’information est de plus en plus préoccupante en Algérie » affirme Me Rachid Mesli, directeur juridique d’Alkarama. « Journalistes, blogueurs et défenseurs des droits de l’homme font systématiquement l’objet de représailles graves sous forme de poursuites et de condamnation pénales dont le but est de réduire au silence toute voix critique et d’étouffer toute forme de contestation par la peur ».
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