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محمد البجادي

Selon des sources en défense des droits humains, les autorités saoudiennes envisagent de rejuger l’avocat Mohammed Saleh Al-Bajadi, malgré qu’il ait terminé de purger sa peine en 2023.

Alkarama avait déjà saisi les mécanismes spéciaux des Nations Unies sur les droits de l’homme au sujet de l’avocat et défenseur des droits humains, Mohammed Al-Bajadi. Selon le compte Prisoners of Conscience, le tribunal prévoit désormais de le rejuger. 

Mohammed Al-Bajadi avait été arrêté pour la première fois en mars 2011 en raison de son soutien à d’autres prisonniers d’opinion, avant d’être libéré cinq ans plus tard. Il a de nouveau été arrêté le 24 mai 2018 et demeure détenu à ce jour. L’association ALQST, spécialisée dans les affaires des prisonniers d’opinion en Arabie saoudite, précise que la première audience du nouveau procès est prévue pour le 27 octobre, sans que la nature des accusations n’ait été précisée. 

En avril 2025, Mary Lawlor, Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur la situation des défenseurs des droits humains, a exprimé sa préoccupation concernant la détention prolongée de Mohammed Al-Bajadi, malgré la fin de sa peine en 2023. Sur sa page X, en mentionnant directement le compte de la mission permanente de l’Arabie saoudite à Genève, elle a écrit : « Des nouvelles préoccupantes concernant le défenseur saoudien des droits humains Mohammed Al-Bajadi, arrêté en 2018 pour son travail pacifique et ayant achevé sa peine en 2023, mais qui, comme d’autres défenseurs saoudiens, demeure détenu », appelant à la libération immédiate de tous les détenus concernés.

Âgé de 46 ans, Mohammed Al-Bajadi est l’un des prisonniers d’opinion les plus célèbres d’Arabie saoudite et figure parmi les fondateurs de l’Association saoudienne des droits civils et politiques (ACPRA).

Alkarama avait sollicité l’intervention urgente du Groupe de travail des Nations Unies sur les disparitions forcées ou involontaires (GTDF), après sa disparition forcée à la suite de son arrestation le 24 mai 2018. 

Al-Bajadi a été arrêté vers 23 heures, lors d’une descente de la Sûreté de l’État en tenue civile et militaire à son domicile, sans qu’aucun mandat judiciaire ne lui soit présenté ni qu’on lui indique la raison de son arrestation, avant d’être emmené vers un lieu inconnu. 

Il avait contribué à la création de l’ACPRA, aujourd’hui interdite, qui documentait les violations des droits humains, engageait des actions judiciaires contre le ministère de l’Intérieur et informait le Conseil des droits de l’homme ainsi que les mécanismes spéciaux des Nations Unies des violations graves des droits humains en Arabie saoudite. Depuis 2011, les autorités ont mené une campagne visant tous les membres de l’ACPRA, les arrêtant et les poursuivant pour leurs activités pacifiques de défense des droits humains. 

Sa première arrestation remonte à mars 2011, après sa participation à une manifestation devant le ministère de l’Intérieur à Riyad. Présenté devant le tribunal plus d’un an plus tard, il a été condamné en avril 2012 à quatre ans de prison et à une interdiction de voyager de cinq ans pour « atteinte publique à la réputation du pays », « remise en cause de l’indépendance du pouvoir judiciaire » et « participation à la création d’une organisation de défense des droits humains », en violation de sa liberté d’expression et de réunion pacifique. 

Il a fait appel du jugement, et en mars 2015, le tribunal pénal spécialisé de Riyad, chargé des affaires liées au terrorisme, l’a condamné à dix ans de prison, dont cinq avec sursis. 

Depuis sa libération le 21 avril 2016, Al-Bajadi s’était tenu à l’écart de toute activité liée aux droits humains. Sa disparition s’inscrit dans le cadre d’une campagne de répression sans précédent contre la liberté d’expression en Arabie saoudite, lancée en septembre 2017, visant des dizaines de personnalités publiques, militants et religieux, arrêtés soit pour s’être opposés à la politique du gouvernement, soit pour ne pas avoir affiché publiquement leur soutien au blocus saoudien contre le Qatar. 

Alkarama a de nouveau sollicité l’intervention urgente du Groupe de travail des Nations Unies sur les disparitions forcées afin de garantir la libération immédiate de Mohammed Al-Bajadi, de le placer sous protection juridique et d’informer ses proches de son sort et de son lieu de détention.