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العراق والولايات المتحدة

Lors de sa 135e session, tenue à Genève du 27 au 31 janvier 2025, le Groupe de travail des Nations Unies sur les disparitions forcées ou involontaires (GTDFI) a examiné plusieurs cas préoccupants de disparitions à travers le monde. Parmi eux figuraient ceux d’Essam Al Obaidi, Jabbar Ali Jaro Aati Al Suhayli, Ali Hamid Abdul Wahab Al Jeyali et Wissam Salam Kamal Al Hashimi — quatre ressortissants irakiens disparus à la suite de leur arrestation par les forces américaines. 

Ces affaires ont été soumises au Groupe de travail par Alkarama et l’Assemblée humanitaire Wissam Al entre 2014 et 2015. Elles s’inscrivent dans un schéma plus large d’impunité entourant les crimes commis durant l’occupation américaine de l’Irak, laissant les familles dans une angoisse perpétuelle alors qu’elles cherchent désespérément des réponses. 

Récemment, le Groupe de travail a transmis ces affaires aux autorités américaines, soulignant la responsabilité des États-Unis dans la disparition de ces citoyens irakiens. Il a également pris note de la réponse officielle récemment fournie par le gouvernement américain. 

Une réponse inadéquate des États-Unis 

Dans sa réponse, le gouvernement américain a déclaré n’avoir trouvé aucune information concernant les quatre personnes disparues et n’avoir aucun nouvel élément à fournir sur leur sort. Cette réponse fait écho à celle donnée en 2017, lorsque Washington avait également affirmé être dans l’incapacité de localiser ces individus dans ses archives. Malgré ces déclarations, les affaires demeurent non résolues et continuent d’être examinées par le Groupe de travail de l’ONU. 

Aperçu des cas 

Ali Hamid Abdul Wahab Al Jeyali, officier de police irakien, et Jabbar Ali Jaro Aati Al Suhayli, employé civil, ont été arrêtés le 16 octobre 2005 à l’hôtel Babel par les forces américaines, sans mandat d’arrêt ni explication. Leur sort demeure inconnu. 

Essam Al Obaidi, également officier de police, a été arrêté le 20 décembre 2006 alors qu’il se rendait à son travail. Des témoins rapportent que des soldats américains l’ont appréhendé dans le quartier Al-Saydiya de Bagdad lors d’une vague d’arrestations consécutive à une explosion survenue dans la zone. 

Wissam Salam Kamal Al Hashimi, entrepreneur irakien ayant travaillé pour les forces américaines, a été arrêté le 16 octobre 2005 à l’hôtel Babel à Bagdad par des troupes américaines. Il a été aperçu pour la dernière fois en août 2011 au centre de détention de Camp Cropper, avant la fermeture de la base par l’armée américaine. 

Son père, Salam Al Hashimi, militant de longue date des droits de l’homme en Irak et directeur de l’Assemblée humanitaire Wissam Al, a collaboré avec Alkarama pour soumettre ces cas de disparitions forcées aux mécanismes des Nations Unies. 

Le témoignage bouleversant de M. Salam Al Hashimi 

C’est avec une douleur poignante que M. Salam Al Hashimi évoque la disparition de son fils, Wissam — un souvenir resté aussi vif qu’au premier jour, malgré les deux décennies écoulées : « En tant que père et mari, j’ai perdu un être cher. Depuis vingt ans, où que nous soyons, ma femme et moi, à chaque instant, nous n’avons jamais cessé — et nous ne cesserons jamais — de penser à notre cher Wissam. » 

Les mots qu’il choisit pour décrire la souffrance de son épouse résonnent profondément, traduisant une douleur partagée par d’innombrables familles, brisées par la disparition d’un proche : « C’est difficile à croire, mais ma femme n’a jamais trouvé la paix depuis la disparition de Wissam. Aucun médicament n’a pu l’apaiser, et son esprit, épuisé, montre désormais des signes d’amnésie profonde. » 

Il témoigne ainsi du sort tragique de milliers de familles dont la vie a été irrémédiablement bouleversée par la perte d’un être aimé : « Nos joyaux d’antan ne sont plus que le reflet brisé de centaines de milliers d’autres familles, également englouties dans la douleur, la tristesse, la pauvreté, le besoin, la faim, la perte et l’errance. Aucun mot, aucune langue ne peut décrire l’étendue de ces souffrances. » 

Et pourtant, malgré l’immense chagrin, l’espoir subsiste — tel un phare défiant les vagues du désespoir. M. Al Hashimi lance un appel solennel à la communauté internationale, un cri pour la justice en faveur de tous les disparus innocents, dans l’espoir qu’un jour, la vérité émerge enfin et offre une réponse tant attendue : « Nous avons lancé un appel à la communauté internationale et aux organes compétents des Nations Unies pour qu’ils interviennent sur cette question purement humanitaire et fassent enfin la lumière sur le sort de centaines de milliers d’innocents. Leurs familles ont le droit de savoir, de connaître leur sort, plutôt que de continuer à espérer un retour qui ne viendra peut-être jamais. » 

L’engagement indéfectible d’Alkarama 

Depuis la soumission de ces dossiers aux mécanismes onusiens, Alkarama travaille sans relâche pour découvrir la vérité sur ces disparitions forcées et exiger des comptes de ceux qui en sont responsables. Comme le veut la procédure standard, les affaires ont également été transmises au gouvernement irakien qui, à l’instar des États-Unis, n’a fourni aucune réponse significative. L’absence de toute réponse substantielle de la part des États-Unis, malgré leur implication directe dans ces arrestations, constitue une violation manifeste de leurs obligations internationales en matière de droits de l’homme. 

Alkarama reste résolue dans son combat et poursuivra ses efforts jusqu’à ce que la vérité soit révélée et que justice soit rendue aux victimes et à leurs familles.