 
Les Nations unies ont condamné les crimes atroces commis par les Forces de soutien rapide (FSR), soutenues par les Émirats arabes unis, après leur prise de contrôle de larges parties de la ville de Bara, dans l’État du Kordofan du Nord, ainsi que de plusieurs zones de la ville assiégée d’El Fasher, au Nord-Darfour. Ces actes, perpétrés ces derniers jours, constituent des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité au regard du droit international humanitaire et du Statut de Rome. Ils incluent des exécutions sommaires, des disparitions forcées, des actes de torture, ainsi que des détentions arbitraires dans des lieux contrôlés par ces forces.
Alkarama considère que la nature, l’ampleur géographique, la répétition et le caractère systématique de ces violations révèlent l’existence d’une politique organisée visant directement les civils. Cela exige l’ouverture d’enquêtes internationales indépendantes et efficaces, ainsi que la mise en place de mesures contraignantes pour garantir la responsabilité pénale non seulement des auteurs directs mais aussi des gouvernements qui ont fourni des armes, un soutien militaire et logistique aux FSR tout au long du conflit.
Dans ce contexte, Alkarama rappelle les rapports d’organisations internationales et de défense des droits humains faisant état de l’implication des Émirats arabes unis dans le soutien militaire apporté aux FSR, un appui qui leur a permis de continuer à commettre des violations massives. Cette situation engage la responsabilité internationale de l’État concerné, au titre de la complicité dans la commission de crimes internationaux.
Des équipes de terrain bénévoles de Alkarama ont documenté plusieurs violations dans différentes régions du Soudan, y compris des cas de disparitions forcées dont les victimes ont ensuite été retrouvées dans des centres de détention contrôlés par les FSR, et qui ont été libérées ultérieurement.
Les témoignages et informations recueillis confirment que ces violations sont systématiques et graves, justifiant une intervention judiciaire urgente.
Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a déclaré : « À El Fasher, les premiers rapports font état d'une situation extrêmement précaire depuis que le RSF a annoncé hier sa prise de contrôle de la 6e division d'infanterie de l'armée. » M. Türk a mis en garde contre un risque croissant d’atrocités à grande échelle à motivation ethnique à El Fasher, et a appelé à des mesures immédiates et concrètes pour protéger les civils et garantir des couloirs humanitaires sûrs pour ceux qui tentent de fuir.
De son côté, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a qualifié la prise de contrôle d’El Fasher par les FSR d’« escalade terrifiante du conflit », exhortant la communauté internationale à s’adresser clairement à tous les États qui interviennent dans la guerre et fournissent des armes aux parties en conflit afin qu’ils cessent toute ingérence. M. Guterres a ajouté que le problème ne réside pas uniquement dans les combats entre l’armée soudanaise et les FSR, mais également dans l’ingérence étrangère croissante qui compromet les efforts visant à parvenir à un cessez-le-feu et à une solution politique durable.
Le Bureau des droits de l’homme de l’ONU a indiqué avoir reçu des rapports faisant état d’exécutions sommaires de civils tentant de fuir, motivées par des considérations tribales, ainsi que de meurtres de personnes ayant cessé de participer aux hostilités.
Des vidéos alarmantes montrent des dizaines d’hommes non armés abattus ou gisant au sol, entourés de combattants des FSR les accusant d’être des soldats de l’armée soudanaise.
D’autres rapports font état de la détention de centaines de civils, dont un journaliste, pendant leur tentative de fuite. Compte tenu des antécédents dans la région du Darfour et du Kordofan, le risque de violences sexuelles contre les femmes et les filles est jugé très élevé.
Le Bureau des droits de l’homme a également signalé de nombreuses victimes civiles, y compris des bénévoles humanitaires locaux, tués par des tirs d’artillerie lourde entre le 22 et le 26 octobre. Le nombre exact de victimes reste inconnu en raison des coupures de communication et du nombre élevé de personnes déplacées.
Face à cette situation, Alkarama appelle à renvoyer les crimes commis par les FSR au Kordofan du Nord et dans d’autres régions du Soudan devant les juridictions internationales compétentes, notamment la Cour pénale internationale et à imposer des sanctions ciblées contre les dirigeants impliqués et leurs soutiens complices.
Alkarama demande également la protection immédiate des civils, un accès humanitaire sans entrave pour les organisations indépendantes et le soutien aux mécanismes de recherche des disparus afin de révéler le sort de toutes les victimes de disparitions forcées. Alkarama souligne que toute complaisance à l’égard de ces violations constituerait une grave violation des obligations internationales, et réaffirme que la responsabilité des auteurs ne saurait être prescrite.
Alkarama poursuivra la documentation et le suivi de ces crimes auprès des instances internationales compétentes, jusqu’à ce que justice soit rendue aux victimes et que l’impunité prenne fin au Soudan.
