Djibouti: Arrestations et détentions de manifestants pacifiques à Dikhil depuis le 18 septembre

Arrestations et détentions de manifestants pacifiques à Dikhil depuis le 18 septembre

Le 22 septembre 2015, Alkarama et la Ligue Djiboutienne des droits humains (LDDH) ont envoyé un appel urgent au Rapporteur Spécial des Nations Unies sur le droit de réunion pacifique et d'association (RSRPA) concernant les arrestations arbitraires de plusieurs personnes par la gendarmerie au cours de la vague de répression lancée le 18 septembre 2015 et qui a touché de nombreux manifestants pacifiques et des opposants politiques à Dikhil, une ville du sud-ouest de Djibouti. Ces personnes, arrêtées en violation de leurs droits à la liberté d'expression et de réunion pacifique, risquent la prison pour avoir exprimé leurs opinions et notamment pour leur opposition au gouvernement.

Le 18 septembre 2015, aux alentours de 11h, la gendarmerie à notamment procédé à l'arrestation de Abdoulkarim Djama Guedi, Fatouma Mahdi Mahamoud – dite Mahado Jano – Youssouf Ali Ismaël Kadir Ali Ismaël, Mahmoud Robleh Mireh, Hamze Reyeh Hassan, Frah Ali Ismael et Yahye Elmi Younis des jeunes partisans de l'Union pour le Salut National (USN) – la coalition de l'opposition à Djibouti – et du Mouvement des Jeunes de l'Opposition (MJO). Ceux-ci avaient participé à une manifestation pacifique dans les rues de Dikhil en protestation contre le projet de 4ème mandat de l'actuel président Ismail Omar Guelleh. Le même jour, les autorités sont venues arrêter Ibrahim Hassan Abdi, député élu pour l'USN et Said Ali Miguil, responsable USN à Dikhil. Tous deux avaient déjà été victimes d'arrestations et de détentions arbitraires au cours du mois de juillet 2015. L'un des locaux de l'USN à Dikhil a aussi fait l'objet d'une perquisition par la gendarmerie et divers effets et matériels ont été saisis.

Une cinquantaine d'autres manifestants pacifiques et de membres de l'opposition ont également été arrêtés par la gendarmerie le même jour et dans les mêmes circonstances, parmi lesquels des enfants mineurs et conduits dans les locaux de la gendarmerie à Dikhil où certains sont encore détenus dans des conditions particulièrement difficiles, sans possibilité d'accès à un avocat et en violation de leurs droits fondamentaux et notamment de l'article 14 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), ratifié par Djibouti en 2002.

Les personnes mentionnées ci-dessus doivent être présentées aujourd'hui au Parquet où elles risquent d'être inculpées de manifestations illégales et déférées devant la justice en représailles pour leurs affiliations politiques exprimées de manière pacifique.

Alkarama et la LDDH, par le biais de son président et avocat Me Zakaria Abdillahi Aliont, ont donc saisi en urgence aujourd'hui le Rapporteur Spécial des Nations Unies sur le droit de réunion pacifique et d'association (RSRPA) afin qu'il appelle les autorités djiboutiennes à libérer immédiatement toutes les personnes arrêtées et encore détenues arbitrairement. Alkarama et la LDDH appellent également les autorités à mettre un terme au harcèlement constant des opposants politiques à Djibouti et garantir un dialogue démocratique et pluraliste dans le pays.

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