Yémen/EAU :un ancien détenu des prisons émiraties meurt peu après sa libération

-shibani

L'ancien détenu yéménite des prisons émiraties, Abdul Qadir Al Shaibani (Al Budhaiji), est décédé quelques semaines après sa libération dans un état de santé très dégradé, des suites de la disparition forcée, des conditions de détention ainsi que des tortures subies.
Alkarama a lancé un appel urgent concernant Al Sheibani au Groupe de travail des Nations Unies sur les disparitions forcées et involontaires.
Un parent d'Al-Shaibani a déclaré à Alkarama que "le prédicateur de 66 ans, Al-Shaibani, a été libéré des prisons des Émirats arabes unis avec un corps fatigué, un handicap presque complet et des maladies multiples et émergentes, en raison des conditions de détention, de torture et de privation de médicaments », ajoutant qu'il « est décédé cliniquement depuis qu'il a été torturé par des milices du Conseil de transition d'Aden et Tariq Saleh sur la côte ouest et aux Émirats».

Roman familial
Selon la version d'un membre de sa famille, « Al-Shaibani a été kidnappé à Aden par les éléments antiterroristes du Conseil de transition soutenu par les Émirats arabes unis alors qu'il se rendait au Caire pour y être soigné, où il a été caché de force à l'isolement à Goldmore dans le district de Tawahi et a été torturé et privé de soins de santé. Après cela il a été transféré dans l'une des prisons appartenant aux forces de Tariq Saleh et de son frère Ammar Saleh, qui est sous la supervision des Emirats sur la côte ouest, c'est à ce moment que son état de santé s'est encore plus aggravé. Il a ensuite été transféré aux Émirats, à l'insu de sa famille, dans le but de le maintenir en vie afin de continuer à le faire interroger par des officiers émiratis, puis, plus tard, des visas ont été envoyé à sa femme et son fils aîné qui se sont donc rendus aux Émirats pour le voir, mais les autorités émiraties ne leur ont permis de le voir que quelques heures et en présence d'un agent de renseignement.
Début août, Al-Shaibani a été libéré plus de 9 mois après son enlèvement et sa disparition forcée. Il souffre de maladies émergentes à la suite de tortures et les traitements lui ont été refusés. Il est décédé plus tard dans un hôpital de la capitale, Sanaa.

Auparavant, Alkarama avait révélé, qu'Al-Shaibani avait été libéré d'une prison sous tutelle des Emirats Arabes Unis à Mukalla, centre du gouvernorat de Hadramot, alors qu'il était en provenance des Emirats, où il avait été transféré à l'insu de sa famille, après avoir emménagé dans plusieurs des centres de détention secrets gérés par les forces yéménites soutenues par les Émirats arabes unis, dont le président est Ali Saleh.
Il semble que la famille d'Al-Shaibani ait subi des pressions pour l'empêcher de parler des détails de ce parcours chaotique, mais les informations obtenues par Alkarama ont indiqué qu'Al-Shaibani a été transféré aux Émirats arabes unis pour terminer l'enquête, à l'instar de cas similaires de détenus yéménites étant interrogés par des enquêteurs émiratis dans des bases militaires à l'extérieur du pays.

L'action d'Alkarama
Le 18 novembre 2020, Alkarama a écrit au Groupe de travail sur les disparitions forcées et involontaires, lui demandant d'intervenir concernant le prédicateur yéménite Abdul Qader Al-Badhiji (Al-Shaibani), disparu depuis le 30 octobre dernier dans la ville d'Aden dans le sud du Yémen, où il a été kidnappé par des hommes armés. On pense qu'ils appartiennent aux forces de la ceinture de sécurité qui contrôlent la ville, soutenues par les Émirats, et l'ont emmené devant sa femme et l'un de ses enfants vers une destination inconnue.
Les différentes régions yéménites se sont transformées en un théâtre ouvert de chaos, d'enlèvements et d'assassinats, en particulier celles dans lesquelles les Émirats arabes unis ont établi des formations militaires parallèles qui ne sont pas réellement soumises aux institutions de l'État yéménite et agissent au nom des Émirats arabes unis et  de l'Arabie saoudite, telle que décrite par les rapports de l'ONU.
Selon sa famille, M. Abdul Qader Ali Abdullah Al-Badhiji Al-Shaibani, 65 ans, accompagné de sa femme et d'un de ses enfants, partait pour la capitale provisoire d'Aden, en route pour Le Caire, afin de terminer son  traitement médical, a été kidnappé par des hommes armés masqués à bord de deux voitures, le 30 octobre de l'année 2020.
Il a été kidnappé dans le quartier de Mansoura après qu'ils aient tiré en l'air pour terroriser sa famille et l'ont emmené vers une destination inconnue.
Al-Shaibani est né en 1955. Il est une figure de l'humanitaire au Yémen mais aussi l'un des fondateurs de la Yemeni Wisdom Charitable Society et vice-président du Conseil de la Choura du Parti pour la paix et le développement. Depuis une dizaine d'années, il souffre de plusieurs maladies chroniques, dont une tumeur au cerveau et de  l'articulation de la hanche, et il a subi plusieurs interventions chirurgicales, qui ont aggravé son état de santé à la suite de la disparition forcée dont il a été victime.