Yémen : Manifestation contre les drones et Guantanamo devant l'ambassade américaine à Sanaa

AlkCodePink

Hier, lundi 17 juin, des militants yéménites et américains ont manifesté devant l'ambassade américaine à Sanaa pour protester contre l'utilisation des drones dans la politique américaine de lutte antiterroriste et dénoncer l'incapacité du gouvernement Obama à fermer Guantanamo. Cette campagne – menée sous le slogan « Dignité Humaine »- avait été lancée en avril dernier par Alkarama et d'autres organisations de défense des droits de l'homme, afin d'exiger la fermeture de Guantanamo et de Bagram. Des membres de l'organisation américaine pacifiste Code Pink ont rejoint Alkarama et Hood pour soutenir les familles des détenus de Guantanamo et rendre hommage aux victimes des attaques aériennes américaines.

Ce rassemblement devant l'ambassade américaine de Sanaa avait pour objectif d'alerter l'opinion publique sur la dégradation de l'état de santé des détenus de Guantanamo, en grève de la faim depuis le 6 février. Leurs proches ont confirmé qu'ils étaient désormais dans un état critique, entre la vie et la mort. La délégation américaine a donc demandé la libération immédiate des 56 détenus yéménites, un procès équitable pour les autres prisonniers.

Arrivés au Yémen une semaine avant la manifestation, les membres de Code Pink ont rencontré les victimes des attaques aériennes américaines ainsi que des proches de détenus de Guantanamo. Selon Code Pink, 94 des 104 détenus de Guantanamo sont yéménites et le Yémen est le pays où il y aurait eu le plus de frappes aériennes américaines. Les représentants de l'organisation demandent que les relations entre les Etats-Unis et le Yémen restent de nature diplomatique et ne reposent pas une coopération en matière de lutte antiterroriste qui comprendrait attaques aériennes et détention à durée indéterminée.

Lors de ce premier rassemblement américano-yéménite à Sanaa, les familles des détenus ont adressé une lettre ouverte au président Obama, qu'ils ont remise à un représentant de l'ambassade américaine. « Nous, familles des détenus de Guantanamo militants pacifistes, sommes venus pour exiger que le gouvernement soit à la hauteur de l'idéal américain de la justice. [...] Le 23 mai dernier, le président Obama avait promis de libérer les 56 détenus yéménites acquittés et de leur permettre de rentrer dans leur pays. Il s'était également engagé à tenir la promesse qu'il avait faite au cours de sa campagne électorale de fermer la prison de Guantanamo et de juger les détenus. »

Cette lettre ouverte rappelle en outre que « chaque jour de plus dans la mise en œuvre de ces promesses est un jour de souffrance supplémentaire pour les détenus et leurs familles, d'autant plus que l'échéance reste inconnue [...]. Des enfants s'endorment le soir sans leur père, des épouses font vivre leur famille sans leur mari. L'image des Américains se ternit aux yeux des Yéménites et des peuples du monde entier. »

« Nous avons su que la Chambre des Représentants américaine avait adopté un amendement à la loi nationale sur l'autorisation de défense afin d'empêcher l'utilisation des fonds du ministère de la Défense en faveur des détenus yéménites. Il est donc du devoir du Président Obama, du Sénat et du peuple américains de s'élever contre cette violation flagrante de la souveraineté du Yémen. Cela bafoue les normes internationales des droits de l'homme aux dépens d'hommes détenus depuis plus de 12 ans et auxquels il n'a pas été permis de se défendre. »

La lettre se conclue ainsi : « Si la preuve est faite que ces détenus sont impliqués dans des crimes, alors donnez-leur un procès équitable. Si aucune preuve n'est trouvée contre eux, alors libérez-les en suivant un calendrier précis et clair, pour que les familles sortent de l'enfer de l'attente. »