Yemen: Libération de M. Khamicen, ancien prisonnier de Guantanamo, après cinq mois de détention au secret

M. Khamicen, ancien prisonnier de Guantanamo, a été libéré le 16 août 2009 à 22h après avoir été détenu pendant 5 mois dans un centre des services de la sécurité politique d'Al-Mahra. Il n'a jamais été présenté devant un juge ni informé des charges retenues contre lui.

M. Khamicen avait été arrêté le 16 mars 2009 par un agent des services de la sécurité politique. La famille avait pu lui rendre visite une unique fois, une semaine plus tard, mais depuis, il était détenu au secret. Il était gravement malade et risquait de subir des tortures.

Alkarama avait adressé le 27 avril 2009 un appel au Groupe de travail sur la détention arbitraire, lui demandant d'intervenir en urgence auprès des autorités yéménites. Le Yémen a ratifié le Pacte international relatif aux droits civils et politiques le 09 février 1987 et la Convention contre la torture le 05 octobre 1991.

M. Karama Khamis Saïd  KHAMICEN, né en 1970, réside et travaille à Qichn, Muhafadhat d'Al Mahra. Il avait été détenu au camp militaire américain de Guantanamo pendant plus de trois années avant d'être remis le 15 septembre 2005 aux autorités du Yémen.

Détenu au secret pendant plusieurs mois à son retour de Guantanamo, M. Khamicen avait été traduit devant le tribunal de sûreté de l'Etat le 13 mars 2006 sous l'inculpation de trafic de stupéfiant. Acquitté par cette juridiction le même jour, et, après appel du parquet, la décision d'acquittement avait été confirmée par la juridiction d'appel le 30 avril 2006. M. Khamicen n'avait cependant été libéré que le 10 mai suivant.

Souffrant d'un grave ulcère gastrique qu'il a contracté à la suite des tortures dont il a été victime au camp de détention américain, M. Khamicen est suivi médicalement dans la ville voisine de Chahir par un médecin spécialiste.

Le 16 mars 2009, il s'était rendu comme à son habitude chez son médecin traitant à Al Chahir, et sa famille était restée sans nouvelle de lui pendant plus d'une semaine.

Elle a finalement appris qu'il avait été arrêté ce même jour à la sortie de la mosquée par un agent des services de la sécurité politique locale et emmené au siège des services de la sécurité politique (Al Amn Assiyassi) à Al Ghaida, Muhafadhat d'Al Mahra. S'y étant rendu, elle avait pu recevoir la confirmation de sa détention et avait été même autorisée à lui rendre visite. Elle avait appris qu'aucune charge n'était retenue contre lui

Depuis cette unique visite, et en dépit de nombreuses démarches de sa famille, les services de la sécurité politique refusaient de donner la moindre nouvelle sur son sort de sorte que celui-ci était totalement coupé du monde extérieur.

Saisi par la famille de la victime, l'organisation HOUD de défense des droits de l'homme avait écrit officiellement au chef des services de la sécurité politique, le général Rokn Ghaleb Al Qamch, pour requérir la libération urgente de M. Khamicen mais sans résultat.

La famille de celui-ci craignait, à juste titre, qu'il ne soit victime de tortures et/ou de mauvais traitements au cours de cette détention au secret ; son état de santé et l'absence de suivi médical renforçant leurs craintes.

En tout état de cause, la détention au secret et sans procédure légale de M. Khamicen était arbitraire, contraire tant aux normes légales internes en vigueur dans le pays, qu'aux normes internationales pertinentes énoncées dans le Pacte international relatif aux droits civils et politiques.