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Le 17 octobre 2014, Alkarama a adressé une communication au Rapporteur spécial sur la torture concernant le cas de Karim Rhimi, un étudiant de 22 ans arrêté le 19 septembre 2014 et gravement torturé par la Brigade antiterroriste.

Après avoir été arrêté à son domicile à deux heures du matin, Rhimi a été emmené dans les locaux des services de sécurité de Kasserine − ville voisine de la montagne de Chaambi à l'ouest de la Tunisie − où il affirme avoir subi les plus graves actes de torture, allant de la 'falaqa' à des sévices sexuels, et menacé de violences à l'encontre de sa famille. Il a alors été contraint à signer des aveux écrits sans même en prendre connaissance.

Présenté devant le juge d'instruction cinq jours après son arrestation, Karim a rejeté en bloc toutes les charges dirigées contre lui. Constatant des marques visibles de torture sur le corps de l'accusé, le magistrat n'a cependant pas jugé utile de demander l'ouverture d'une enquête, se rendant ainsi responsable d'une violation évidente de l'article 12 de la Convention contre la torture. Ce n'est que sur insistance de l'avocat que ce dernier a finalement accepté d'ordonner une expertise médicale.

L'examen médical a alors été effectué par le médecin de la prison d'Al Mornaguia où la victime a été transférée à l'issue de plusieurs jours de détention au secret. Simple formalité, cet examen ne peut être qualifié d'expertise médicale indépendante du fait qu'il a été effectué par le médecin de la prison qui n'a aucune compétence en médecine légale et ne bénéficie d'aucune indépendance, celui-ci étant employé auprès de l'administration de la prison. M. Juan Méndez, le rapporteur spécial sur la torture, a lui-même mis l'accent sur l'exigence de l'indépendance des experts médico-légaux affirmant qu'en cas d'allégations de torture, il « devrait être impératif de soumettre la personne à un examen indépendant, hors des services médicaux de la prison ».

Dans le contexte actuel de la lutte contre le terrorisme dans le pays, les autorités tolèrent et cautionnent de plus en plus des pratiques très contestables et en violation évidente des droits les plus fondamentaux. La détention préventive peut aller jusqu'à six jours pendant lesquels le prévenu est généralement soustrait à la protection de la loi. Ainsi, pendant cette période, les détenus sont privés de tout contact avec l'extérieur ce qui favorise notablement le risque de torture. En effet, les victimes sont torturées de manière systématique et contraintes de signer des aveux écrits sans en prendre connaissance.

Alkarama déplore la détérioration des droits de l'homme en Tunisie et les violations systématiques sous le prétexte de la lutte contre le terrorisme, et exprime ses craintes de voir se rétablir les pratiques de l'ancien régime. Alkarama appelle les autorités tunisiennes à remédier à ces violations et à honorer leurs engagements découlant de la Convention contre la torture.

Pour plus d'informations ou une interview, veuillez contacter l'équipe média à media@alkarama.org (Dir: +41 22 734 1007 Ext: 810)