Syrie : La détention secrète de Mme Tal Al-Mallouhi constitue une forme de torture

Mme Tal Al-Mallouhi a été arrêtée le 27 décembre 2009 à la suite d’une convocation par les services de la Sûreté de l’Etat à Damas et depuis, elle est détenue au secret en dehors de toute procédure légale.

Alkarama a adressé un appel urgent au Rapporteur spécial contre la torture pour lui demander d'intervenir auprès des autorités syriennes afin qu'elles fassent immédiatement libérer Mme Tal Al-Mallouhi.

Mme Tal AL-MALLOUHI, âgée de 19 ans, étudiante, réside habituellement avec sa famille à Homs à environ 160 kilomètres de la capitale Damas. Elle est détenue au secret depuis plus de neuf mois. Elle a été arrêtée le 27 décembre 2009 à la suite d’une convocation par les services de la Sûreté de l’Etat pour un simple interrogatoire dans les locaux de la section 279 situés à Damas.

Deux jours après son arrestation, des agents de ces services ont procédé à une perquisition du domicile de ses parents à Homs sans aucun mandat de justice et se sont emparés d’un certain nombre d’effets personnels dont son ordinateur personnel.

La famille de Mme Tal AL-MALLOUHI pense qu’elle a été arrêtée en raison des idées qu’elle exprime sur un blog qu’elle anime en publiant des articles et poèmes dans lesquels elle fait parfois référence aux atteintes à la liberté d’expression dans son pays. Aucun motif officiel n’a cependant été avancé par les autorités pour justifier cette arrestation.

Pendant toute la période de sa détention secrète sa famille n’a pu obtenir aucune information officielle sur son sort ni le lieu de sa détention ; ce n’est que récemment qu'il y a eu confirmation officielle de sa détention à la prison de Doma sans que la famille n'ait toutefois obtenu l’autorisation de lui rendre visite ou la possibilité de constituer un avocat.

Alkarama a des raisons sérieuses de croire que Mme Tal AL-MALLOUHI a été torturée après son arrestation lors de sa détention secrète - qui constitue en soi une forme de torture - et exprime également des craintes qu’elle ne continue à ce jour à subir des actes de torture ou toute autre forme de mauvais traitement dans la mesure où elle reste privée de tout contact avec le monde extérieur et sans pouvoir bénéficier de la moindre protection légale.

La situation de certaines personnes arrêtées pour avoir uniquement exprimé des critiques vis-à-vis des autorités est particulièrement préoccupante en Syrie. La pratique des arrestations et des détentions arbitraires accompagnés de tortures et/ou de traitements cruels et inhumains pendant des périodes prolongées tend en effet à se généraliser.

Le Comité contre la torture avait à l’occasion de l'examen du rapport périodique initial de la Syrie souligné dans ses Observations finales (CAT/C/SYR/CO/1) adoptées le 12 mai 2010 qu’il restait profondément préoccupé par le recours généralisé à des actes de torture à l’encontre de détenus privés de toute garantie fondamentale (Para. 7).