Syrie : Arrestation de Moaz al-Khatib, 50 ans, personnalité religieuse et porte-parole des manifestants

Le 5 mai 2011, alors que les manifestations pacifiques se multiplient dans le pays depuis près de deux mois, les services de sécurité politique d'Al-Jebbas à Damas arrêtent Moaz Al-Khatib, 50 ans, figure de proue des protestations et personnalité religieuse connue pour sa modération.
Depuis le début des événements le 15 mars 2011, les autorités syriennes répriment violemment les défenseurs des droits de l'Homme et les activistes politiques en procédant à des arrestations et à des enlèvements massifs dans l'impunité la plus totale. Moaz Al-Khatib avait déjà fait l'objet d'une précédente arrestation le 29 avril 2011 pour le rôle qu'il a joué lors des manifestations mais avait été relâché le lendemain.

A l'occasion d'une interview donnée à Al-Jazira le 23 mars 2011, Moaz Al-Khatib avait appelé à la cessation des violences perpétrées par les services de sécurité. Quelques jours plus tard, à l'occasion d'un enterrement à Duma, il déclarera dans une volonté de rassemblement et d'apaisement que « nous, Sunnites, Chiites, Alawites, Druzes, Ismaéliens, Arabes, Kurdes, nous sommes un seul corps. Je vous dis que les Alawites sont plus proches de moi que beaucoup de gens ; je connais ces villages où eux aussi vivent dans la misère et l'injustice. Nous parlons librement pour tout les Hommes de ce pays ».

Car si les Sunnites 74% de la population, c'est la minorité Alawite qui détient les commandes du pays et en particulier les corps supérieurs de l'armée et des services de renseignement depuis l'accession au pouvoir de Hafez Al-Assad en 1971 ; cette situation est source d'un ressentiment croissant du reste de la population.

Le 12 mai 2011, Alkarama a saisi le Rapporteur spécial sur le droit à la liberté d'expression et d'opinion de l'ONU d'un appel urgent pour l'informer des persécutions dont Moaz Al-Khatib est victime en raison de ses positions politiques pacifiques et de ses interventions médiatiques.

Le Conseil des droits de l'Homme a par ailleurs récemment adopté la résolution S16-1, qui appelle les autorités syriennes à « cesser immédiatement toute intimidation, persécution ou arrestation arbitraire d'individus, y compris d'avocats, de défenseurs des droits de l'Homme et de journalistes ».

Alkarama appelle le gouvernement syrien à respecter cette résolution et à prendre les sanctions adéquates à l'encontre de ceux qui empêchent les défenseurs des droits de l'Homme d'exercer leur droit légitime à la liberté d'expression.