Syrie: Après 112 jours de détention au secret, Cheikh Koki reçoit une peine injustifiée

abderrahmankoki
Alkarama vient d'apprendre que Cheikh Abdulrahman Koki a été condamné à un an d'emprisonnement le 10 février 2010 après plus d'un mois de détention au secret, période durant laquelle il n'a pu contacter ni sa famille, ni son avocat. Il avait été arrêté par les forces de la sécurité politique le 22 octobre 2009 à son retour du Qatar où il s'était rendu pour participer à l'émission de télévision « La direction opposée » présentée par Faisal Alkassim et diffusée sur Al Jazeera. Alkarama avait soumis son cas au Groupe de travail sur la détention arbitraire (WGAD) le 13 janvier dernier pour l'alerter sur le caractère arbitraire de sa détention et ! solliciter son intervention après l'avoir soumis en urgence au Rapporteur spécial des sur la torture (SRT) et au Rapporteur spécial sur la liberté d'opinion et d'expression (SRFDX) le 2 décembre 2009.

Le tribunal criminel de Damas a condamné Cheikh Koki à une peine d'un an d'emprisonnement pour incitation à la haine raciale et religieuse en Syrie, infraction prévue par l'article 307 du Code pénal syrien. Avant d'être déferré devant le juge, il avait été accusé d'avoir « offensé l'autorité de l'Etat et insulté le Président de la République » crime prévu et puni par les articles 285 et 278 du Code pénal syrien.

Bien que la décision soit susceptible d'appel dans les 30 jours, de nombreuses organisations de défense des droits de l'homme et des militants, dénonçant le caractère injustifié de la peine, réclament son annulation et sa libération immédiate. Lors de son audience le 7 janvier 2010, Cheikh Koki, porte-parole bien connu du dialogue interreligieux, a nié toutes les accusations portées contre lui. "L'histoire parle d'elle-même (...) Je suis d'abord et avant tout un partisan de l'unité nationale", a-t-il souligné.

Fin novembre 2009, Cheikh Koki avait été transféré à la prison centrale d'Adra, à Damas sans jamais avoir été présenté devant un juge. N'ayant pas fait l'objet d'une procédure légale jusqu'au début de l'année 2010, notre organisation avait exprimé de vives inquiétudes sur le caractère arbitraire de sa détention.

Alkarama espère que les autorités syriennes vont donner suite aux demandes des organisations de défense des droits de l'homme qui appellent à la libération immédiate de Cheikh Koki ou au classement des poursuites dont il fait l'objet et qui constituaient une atteinte grave à ses droits fondamentaux.