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Damas prétend qu'il est détenu dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat de l'ex-premier ministre libanais

Alkarama, Amnesty International et Human Rights Watch ont appelé aujourd'hui les autorités syriennes à libérer Ziad Ramadan qu'elles prétendent détenir pour qu'il puisse être interrogé par la mission d'investigation internationale enquêtant sur l'assassinat de Rafik Hariri, ancien premier ministre libanais. La déclaration conjointe des trois organisations de défense des droits de l'homme a été reproduite ci-dessous.

Alkarama, Amnesty International et Human Rights Watch demandent à nouveau instamment aux autorités syriennes de libérer immédiatement Ziad Ramadan, arrêté il y a cinq ans exactement cette semaine. Aucun motif légal ne peut être invoqué pour justifier une si longue détention sans inculpation.

Les trois organisations internationales de défense des droits de l'homme sont préoccupées par le fait que Ziad Ramadan, citoyen syrien de 34 ans, est toujours détenu par les autorités syriennes sans avoir été inculpé alors que cela fait déjà deux ans qu'elles ont demandé à ce qu'il soit remis en liberté ou jugé dans le cadre d'une procédure légale.

Ziad Ramadan semble être détenu pour des raisons politiques et n'a jamais été en mesure de contester les motifs de sa détention. Les autorités syriennes ne l'ont pas informé, au cours des cinq années qu'il a passées derrière les barreaux, des raisons de son arrestation et ne l'ont jamais présenté devant un tribunal. D'emblée, elles ne l'ont pas autorisé à choisir un avocat pour sa défense, puis se sont chargées d'en désigner plusieurs pour lui. Selon les dernières informations à notre disposition, Ziad Ramadan ne les aurait toujours pas rencontrés.

Les autorités syriennes ont fait valoir auprès des Nations unies (ONU) qu'elles le détiennent de telle manière à ce que la Commission d'enquête indépendante internationale de l'ONU (UNIIC), enquêtant sur l'assassinat en février 2005 de l'ancien premier ministre libanais Rafic Hariri, puisse l'interroger

En réponse à une intervention conjointe du Groupe de travail sur la détention arbitraire et du Rapporteur spécial sur l'indépendance des juges et des avocats, le gouvernement a déclaré le 17 février 2009 que Ziad Ramadan « était placé en détention dans le but de le protéger et de s'assurer qu'il puisse être présenté à la Commission (UNIIC) au moment opportun. »

En réalité, l'UNIIC, ayant appris que Ziad Ramadan était détenu en Syrie, l'a déjà rencontré à deux reprises, en décembre 2005 et au début de l'année 2006. Des membres de la Commission l'ont interrogé en qualité de témoin dans l'affaire Hariri étant donné qu'il travaillait au Liban avec un certain Ahmed Abu Adas. Ce dernier, résidant à Beyrouth, était apparu peu de temps après l'assassinat de l'ancien premier ministre Rafic Hariri dans une vidéo dans laquelle il reconnaissait sa responsabilité dans l'attentat et affirmait avoir agi pour le compte d'un groupe de militants jusque là inconnu.

Ziad Ramadan avait été interrogé après la diffusion de la vidéo mais avait été remis en liberté peu après. La mission d'établissement des faits de l'ONU dépêchée au Liban pour enquêter sur l'assassinat de Rafic Hariri a conclu en mars 2005 qu'il n'existait que peu voire pas d'éléments de preuve étayant les déclarations d'Ahmed Abu Abas. Le bureau du procureur pour le Tribunal spécial pour le Liban (TSL), en charge des poursuites dans l'affaire de l'assassinat de Hariri, a informé les organisations internationales de défense des droits de l'homme qu'il avait fait savoir aux autorités syriennes que, ni l'UNIIC, ni le bureau du procureur du TSL avait ordonné la mise en détention de M. Ramadan et que le bureau du Procureur du TSL n'envisageait! pas d'entendre M. Ramadan comme témoin. Cette déclaration du bureau du procureur n'a toutefois pas été rendue publique.

Le cauchemar de Ziad Ramadan a commencé il y a cinq ans, lorsqu'il s'est rendu au siège des services de renseignement de l'armée syrienne à Damas le 20 juillet 2005 après avoir été convoqué. Les autorités ne l'ont pas informé des motifs de son arrestation et l'ont immédiatement placé en détention dans une cellule au sous-sol. C'est là qu'il a passé les 6 premiers mois de sa détention, dans une pièce d'1 mètre sur 2, sans ventilation, ni lumière, ni fenêtres, à la célèbre section palestinienne des services de renseignement de l'armée syrienne à Damas. Pendant plus de deux semaines, les autorités n'ont pas informé sa famille de sa détention ou de son sort et l'ont seulement autorisée à lui rendre vis! ite deux fois en six mois. Ziad Ramadan a, selon les informations dont nous disposons, été battu et torturé psychologiquement. En particulier, on lui a dit que les hurlements qu'il entendait étaient ceux des membres de sa famille.

Le 21 mai 2006, il a été transféré dans une prison à Homs, dans le nord de Damas, où il a reçu des visites régulières de sa famille. Le 21 septembre 2007, il a été de nouveau transféré à la section palestinienne. Il y serait détenu dans une cellule au sous-sol.

Les personnes qui ont vu Ziad Ramadan au cours de l'année ont affirmé qu'il était dans une état physique et psychologique très préoccupant. Il leur est apparu très maigre, les côtes saillantes, le teint très pâle, et le regard effrayé. Ces personnes nous ont confié qu'elles étaient très préoccupées par son état de santé étant donné qu'il n'avait reçu aucun traitement médical alors qu'il se plaignait d'avoir mal au coeur. Cela fait presque 3 ans qu'il est détenu pour la deuxième fois à la section palestinienne. Sa famille n'a été autorisée à lui rendre visite que 4 fois, et, à chaque fois, elle était surveillée par les responsables de la prison.

Alkarama, Amnesty International et Human Rights Watch demandent instamment aux autorités syriennes de libérer Ziad Ramadan immédiatement étant donné qu'il n'y a aucun élément permettant de l'incriminer.