Qatar: Appel à la libération du poète emprisonné pour avoir exercé son droit à la liberté d'expression

Mohammed Al Ajmani

Le 20 octobre dernier, la Cour de cassation de Doha a confirmé la peine de 15 années d'emprisonnement prononcée par la cour d'appel en janvier 2013 à l'encontre du poète qatari Mohamed Al-Ajami (alias Ibn Al- Dib).Ce dernier est détenu depuis 2011 uniquement pour avoir exercé son droit à la liberté d'expression – il a été inculpé pour « incitation à renverser le régime » et d' « outrage à l'Emir ». Son avocat, Me Najeeb Al-Nuaimi, n'a pas manqué de dénoncer les irrégularités dont a été entaché son procès et les accusations sans fondement qui ont été portées à son encontre.

Dans un poème rendant hommage à la « révolution du jasmin » en Tunisie, Al-Ajami critiquait le caractère autoritaire des gouvernements arabes. Aucune raison valable ne saurait justifier que de tels écrits aboutissent à des sanctions pénales, et encore moins à une peine d'emprisonnement de quinze années.

Alkarama tient à rappeler que le Qatar est tenu de respecter ses obligations internationales en matière de liberté d'expression des personnes placées sous sa juridiction. En poursuivant pénalement et en condamnant Al-Ajami, le Qatar a clairement violé ces obligations.

Dans le cadre du second cycle de l'Examen périodique universel du Qatar en août 2013, Alkarama n'a pas manqué de soulever que la situation d'Al-Ajami illustrait la question des atteintes à la liberté d'expression dans le pays et que l'absence d'inamovibilité des juges était exemplaire du non-respect des standards internationaux en matière de procès équitable. Des préoccupations qu'Alkarama avait déjà partagées avec le Comité contre la torture de l'ONU lors de l'examen du Qatar en octobre de l'année dernière.

Alkarama condamne fermement les restrictions de l'exercice du droit à la liberté d'opinion et d'expression qui ne sauraient trouver de justification légale et exhorte les autorités qataries à libérer immédiatement Mohamed Al-Ajami et à abroger les lois pénales utilisées arbitrairement pour poursuivre tous ceux qui exercent leurs droits protégés par le droit international. Alkarama rappelle également au Qatar qu'il a l'obligation de garantir à tous un procès équitable.

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