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M. Amed Akhrif, condamné à une peine de 20 ans d’emprisonnement en 2003, purgeait sa peine à la prison de Tanger. Il a fait l’objet le 9 octobre 2010 d’un transfert vers la prison de Kenitra particulièrement brutal et subit comme d'autres prisonniers victimes du transfert des conditions de détention déplorables.

Alkarama s'est adressée le 19 janvier 2011 au Rapporteur spécial contre la torture lui demandant d'intervenir auprès des autorités marocaines afin qu'une enquête soit diligentée sur la situation des détenus dans les prisons du Maroc et en particulier ceux qui ont été transférés le 9 octobre 2010 à la prison de Kenitra, que les auteurs de ces actes soient identifiés, traduits en justice et condamnés le cas échéant.

M. Ahmed AKHRIF (أحمد اخريف), âgé de 45 ans, demeurant habituellement à Tanger. Il avait été condamné à une peine de 20 ans d’emprisonnement par la Chambre criminelle de la Cour d’appel de Casablanca le 12 juillet 2003.

Jusqu’au 09 octobre 2010, il purgeait sa peine à la prison de Tanger. A cette date, il a fait l’objet, à l’instar de plus de 100 détenus de six prisons différentes (Tanger, Fès, Meknès, Souk Larbaa, Beni Slimane et Oukacha), d’un transfert vers la prison de Kenitra, transfert au cours duquel tous les prisonniers ont été, selon un même modus operandi, victimes de traitements particulièrement cruels, inhumains et dégradants.

Ainsi, tous les détenus ont été accueillis par des gardiens surexcités qui les ont insultés, menacés de mort, battus, et complètement déshabillés. Ceux parmi les détenus qui ont exprimé la moindre protestation ont subi un traitement plus dur : ils ont notamment été suspendus pendant de longues heures par les poignets sous les coups des gardiens.

Quelques jours après le transfert, la famille de M. Akhrif lui a rendu visite et l’a trouvé dans un état de choc, portant des traces visibles de coups et de contusions et s’exprimant avec difficulté. Elle a alors saisi le Conseil consultatif des droits de l’homme en date du 14 octobre 2010 pour dénoncer les mauvais traitements dont a fait l’objet son époux et alerter les autorités sur cette situation.

En 2008 il avait déjà subi de graves tortures ayant entraîné une perte de connaissance et son hospitalisation en urgence. Il avait été violemment battu au parloir de la prison lors d’une visite familiale, et ce, en présence de sa famille et notamment de ses enfants.

Une première plainte en date du 06 novembre 2008 avait été déposée auprès de l’administration pénitentiaire de la prison centrale de Tanger, plainte restée sans suite.

A la suite du traitement dont il a été victime au cours de son transfert en octobre 2010, la victime a entamé une énième grève de la faim depuis le 31 décembre 2010, à l’instar d’autres détenus dont la situation est similaire, non seulement pour dénoncer les conditions de détention actuelles mais surtout pour demander une enquête officielle sur les modalités du transfert collectif du 09 octobre ordonné par la Délégation générale de l’administration pénitentiaire.

Alkarama a attiré l'attention du Rapporteur spécial sur la torture sur plusieurs détenus qui ont subi le même sort et qui confirme la nette dégradation de la situation en matière de respect des droits de l’homme au Maroc et une escalade dans la répression des détenus condamnés dans des affaires dites de terrorisme.