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Alkarama avait durant les deux derniers mois soumis au Groupe de travail sur la disparition forcée ou involontaire huit cas de personnes arrêtées dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Les autorités marocaines ont lancé depuis plusieurs mois une vague d'arrestations et détiennent de nombreuses personnes au secret avant de les présenter devant un magistrat.

Alkarama a été informée de la réapparition des personnes pour lesquelles elle avait alerté les organes de l'ONU. Toutes ont été présentées à Salé devant le juge d’instruction auprès de l’annexe de la Cour d’appel de Rabat le 6 mai 2010. Notre organisation demande que toutes ces personnes soient placées sous la protection de la loi et que leur soient garantis une procédure et un procès équitables.

M. Abdelaziz JANAH avait été enlevé le 19 avril 2010 à son domicile par des agents des services de sécurité qui l'ont brutalement frappé avant de l'embarquer vers une destination inconnue. Il s'est avéré qu'il avait d’abord été détenu à Témara durant 10 jours avant d’être transféré au poste de police Al-Maarif de Casablanca. Il est donc resté détenu au secret durant 17 jours au cours desquels il a été privé de tout contact avec le monde extérieur.

M. Adnan ZAKHBAT avait été arrêté le 29 mars 2010 et détenu au poste de police de Maarif à Casablanca. Il est est resté détenu au secret pendant plus d’un mois durant lequel il n'a pu avoir aucun contact avec le monde extérieur.

M. Mahdi MALIANI avait disparu à Casablanca après son arrestation le 19 mars 2010. Il est donc resté détenu au secret pendant près de cinq semaines.

M. Younes ZARLI, avait été détenu au secret au poste de police de Maarif de Casablanca depuis le 11 avril 2010. Il est donc resté détenu au secret pendant plus d’un mois sans contact avec sa famille ou un avocat.

M. Abdelrahim LAHJOULI avait disparu à Casablanca le 30 mars 2010. Il est resté détenu au secret pendant plus de cinq semaines.

M. Saïd EZZIOUANI, arrêté à Casablanca le 12 avril 2010 et disparu ensuite, est resté détenu au secret durant 24 jours au cours desquels il a été privé de tout contact avec le monde extérieur.

M. Mohamed BOUTARFAS et M. Zouhair BENKASSOU ont été arrêté le 1er mai 2010 et ont été présentés au Procureur du Roi le 06 mai 2010. Ils ont été remis en liberté pour le moment.

Dans le cadre de sa visite au Maroc qui s’est déroulée entre le 22 et 25 juin 2009, le Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires a eu l’occasion de souligner dans son rapport de mission (A/HRC/13/31/Add.1) en date du 9 février 2010 qu’il avait reçu des allégations selon lesquelles des arrestations, des enlèvements ou des détentions provisoires de longue durée principalement dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, avaient eu lieu sans que les victimes n’aient eu accès à un avocat ni que leurs familles ne soient informées.

La pratique des services de sécurité démontre également qu’ils passent outre les standards internationaux relatifs à la protection des droits de l’homme mais aussi les dispositions mêmes de la loi antiterroriste entrée en vigueur en 2003 en ignorant les garanties minimales prévues comme la communication avec un avocat à partir d’un certain délai.

La Résolution 64/168 de l’Assemblée générale des Nations Unies adoptée le 18 décembre 2009 rappelle explicitement que les Etats doivent veiller à ce qu’aucune forme de privation de liberté ne soustraie la personne détenue à la protection de la loi et à respecter les garanties relatives à la liberté, à la sûreté  et à la dignité de la personne conformément  au droit international.