
Le 16 octobre 2025, Alkarama a saisi le Groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire (GTDA) au sujet de Mme Saida EL ALAMI, blogueuse et militante marocaine engagée dans la protection des droits humains. Active sur les réseaux sociaux, Mme EL ALAMI dénonce régulièrement les violations des droits fondamentaux et commente l’actualité politique et sociale du Maroc.
Son activisme lui a valu d’être ciblée par les autorités à plusieurs reprises, notamment pour ses critiques pacifiques envers les institutions et les forces de sécurité.
Enlevée sur la voie publique
Le 1er juillet 2025, Mme EL ALAMI a été enlevée sur la voie publique à Casablanca par des policiers en civil, sans mandat ni explication. Sa détention n’a été reconnue que 24 heures plus tard, après sa disparition inquiétante signalée par sa famille. Cette arrestation faisait suite à une vidéo en direct qu’elle avait diffusée lors d’une manifestation organisée après la mort d’un détenu en raison de conditions carcérales problématiques, dans laquelle elle dénonçait la responsabilité des autorités.
Au cours de sa détention et durant son interrogatoire, elle n’a pas eu accès à un avocat et n’a pas été autorisée à lire le contenu des procès-verbaux d’audition qu’elle a refusé de signer. Elle a été inculpée pour « diffusion de fausses allégations » et « outrage envers des corps constitués », motifs liés à ses publications sur les réseaux sociaux.
Son procès devant le tribunal de première instance de Casablanca, marqué par des violations des standards internationaux d’un procès équitable et de nombreux reports injustifiés, a abouti le 16 septembre 2025 à sa condamnation à trois ans de prison ferme.
Ciblée pour son militantisme pacifique
Depuis son incarcération à la prison de Oukacha à Casablanca, Mme EL ALAMI subit des sévices de codétenues de droit commun instrumentalisées par l’administration pénitentiaire. Après avoir dénoncé ces mauvais traitements et entamé une grève de la faim elle a été placée en isolement disciplinaire. Elle n’a pu contacter sa famille que vingt jours après son arrestation et ses visites restent limitées et irrégulières.
Alkarama saisi le Groupe de travail
Mandatée par la famille de Mme EL ALAMI, Alkarama a déposé une plainte au Groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire (GTDA).
Dans sa communication, Alkarama a démontré que la détention de Mme EL ALAMI constitue une privation de liberté arbitraire uniquement motivée par l’exercice pacifique de son droit à la liberté d’expression et par son engagement civique. Cette persécution ciblée reflète une volonté manifeste des autorités de la réduire au silence en raison de ses prises de position et de son activisme et s’inscrit dans un contexte plus large de répression de toute voix critique dans le pays.
Dénonçant des violations graves de ses droits fondamentaux, Alkarama a appelé à la libération inconditionnelle de Mme EL ALAMI et à une reconnaissance du caractère arbitraire de sa privation de liberté.