Libye : M. Rifat Al Khwildy, journaliste ayant participé à la révolution, est détenu arbitrairement et victime de tortures et de mauvais traitements.

Alkarama a saisi ce jour le rapporteur spécial sur la torture et le groupe de travail sur la détention arbitraire, pour le cas de M. Rifat Al Khwildy, victime de détention arbitraire et de torture depuis 9 mois.

Journaliste âgé de 27 ans, il a participé au Mouvement révolutionnaire du 17 Février 2011. Ayant appris que son nom apparaissait dans la liste des personnes qui se seraient opposées à la révolution et qui devaient faire l'objet d'une enquête, il s'est rendu de lui-même au Conseil Militaire à Tripoli, le 4 Septembre 2011.

Bien qu'on lui ait assuré que tous ses droits seraient garantis, il a été placé en détention sans mandat légal ; transféré de prison en prison, il a été régulièrement insulté et violemment battu à l'occasion de chaque déplacement.

Il a notamment été placé en cellule d'isolement, où il dormait à même le sol. Il a également été attaché nu, dans le froid et l'humidité, à un pylône électrique pendant de longues périodes avec d'autres détenus.

En date du 22 Novembre 2011, alors que le responsable de la base d'Al Mitiga où il était détenu a autorisé sa libération, il a été kidnappé au moment de sa sortie par quatre miliciens qui l'ont sommé de monter dans une voiture noire de marque Mercedes, ne portant pas de plaques minéralogiques.

Ces derniers l'ont emmené à la caserne d'Al Nawasi qui relève de la Katiba d'El Chatti où il a subi des violences dès son arrivée. Il a notamment été violemment battu et lacéré avec une lame sur de nombreux endroits de son corps ; il a dû être hospitalisé en urgence le 2 décembre 2011 à la suite d'une hémorragie à l'œil.

A sa sortie de l'hopital il a de nouveau été placé en détention à la prison d'Ain Zara où il continue à ce jour de subir des tortures et mauvais traitements au point que sa famille exprime de vives craintes pour sa vie.

Malgré la plainte déposée par son père le 27 Novembre 2011 devant le procureur de Tripoli, la situation de la victime n'a pas changé et les autorités ne semblent pas vouloir donner suite aux démarches de la famille.

Les représentants d'Alkarama en Libye qui ont visité ces derniers mois de nombreuses prisons et centres de détention en Libye ont relevé de nombreuses situations analogues dont elles ont notamment informé la commission d'enquête instituée par le conseil des droits de l'homme dans sa Résolution S-15/1 du 25 Février 2011.

Notre Organisation a régulièrement saisi les autorités libyennes de ces situations les appelant à contrôler d'une manière plus stricte les agissements de certaines milices qui semblent échapper à leur contrôle.

Alkarama a soumis le cas de M. Khwildy au Rapporteur Spécial sur la torture et au Groupe de travail sur la détention arbitraire des Nations Unies en leur demandant d'intervenir auprès des autorités libyennes afin de leur rappeler leurs obligations internationales.