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Alkarama for Human Rights, 13 novembre 2008

Alkarama a saisi le Rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires et le Rapporteur spécial sur la torture du cas de M. Abdelhamid Al Daquel, décédé en détention à une date non déterminée. Il avait été arrêté et détenu au secret depuis le 26 janvier 1989.

M. Abdelhamid AL DAQUEL est né le 22 mars 1963 ; il était pilote dans les forces aériennes libyennes avec le grade de commandant. Il habitait dans la Commune de Beni El Walid.

Il avait été arrêté le jeudi 26 janvier 1989 vers 16heures 30 par la sécurité intérieure (Al Amn Addakhili) à Foum Molghat près de Tarhouna, par plusieurs agents de la sécurité intérieure.

Au moment de son arrestation M. Al Daquel se trouvait à bord d'une voiture en compagnie de trois autres personnes. Toutes ont été arrêtées.

Deux des hommes ont été libérés le 10 février 1989 après 15 jours de détention au secret dans les locaux de la sûreté intérieure à Tripoli. Le troisième a été détenu plusieurs années au secret avant d'être libéré de la prison de Abou Slim, près de Tripoli, le mois de mars 1995 sans jamais avoir été jugé.

C'est par son biais que la famille de M. Al Daquel, qui n'avait plus de ses nouvelles depuis son arrestation 06 années auparavant, a appris qu'il se trouvait dans la même prison et qu'il n'avait jamais fait l'objet d'une procédure judiciaire.

Jusqu'à l'été 1996, ses parents ont pu encore avoir quelques informations indirectes confirmant sa présence dans cette prison. Ils n'ont cependant jamais obtenu l'autorisation de lui rendre visite car les autorités n'ont jamais reconnu sa détention.

Depuis l'été 1996, période à laquelle les autorités libyennes ont interdit toutes visites dans les prisons, jusqu'en 2001, plus aucune information le concernant n'est parvenue à la connaissance de ses proches.

Le 08 novembre 2008, et pour la première fois depuis sa disparition, la famille de M. Al Daquel a reçu la visite des services de la sécurité intérieure (Al Amn Addakhili) l'informant de son décès. Ces agents ont cependant refusé de donner des détails sur la date du décès et sur les circonstances de celui-ci. Ils ont également refusé de remettre le corps et se sont contentés de demander à sa famille " d'annoncer publiquement ce décès " et l'ont informée qu'ils lui délivreraient un certificat officiel.

Les parents M. Al Daquel ont fait part de leur refus d'effectuer une telle annonce si les causes de ce décès ne leur sont pas communiquées et si une autopsie n'est pas effectuée pour les déterminer.

Toutefois, avec cette démarche, les autorités reconnaissent explicitement qu'il était bien disparu et qu'elles sont responsables de cette disparition.

Ne disposant d'aucune possibilité de recours devant une juridiction interne ou une quelconque autre autorité, la famille de M. Abdelhamid Al Daquel s'adresse aux institutions onusiennes afin qu'elles adressent au Gouvernement de la Jamahiriya libyenne les questions relatives à la date, la cause et les circonstances du décès de la victime.

Le 06 janvier 2006, Alkarama avait soumis au Groupe de travail sur les disparitions forcées une liste de 11 personnes arrêtées à différents moments, toutes disparues, parmi lesquelles figurait aussi M. Abdelhamid Al Daquel. Parmi ces personnes, il est le second dont le décès a été annoncé. Les services de la sécurité intérieure ont établi le 22 août 2006 un document attestant la mort de Amsaad Al Abid, arrêté en 1995 et disparu depuis. Lui aussi figurait sur cette liste. Il est possible que ces hommes aient été tués lors du massacre perpétré à la prison d'Abou Slim en 1996. Jusqu'à ce jour les autorités n'ont pas rendu publique la liste des victimes.

Alkarama a aussi informé le Groupe de travail sur la disparition forcée du décès de M. Abdelhamid Al Daquel.