
Le 18 juin 2025, Alkarama a adressé un appel urgent au Groupe de travail des Nations Unies sur les disparitions forcées ou involontaires (GTDF), ainsi qu’à d’autres mécanismes onusiens, concernant cinq citoyens syriens enlevés par les forces de sécurité intérieure du général Khalifa Haftar et ses partisans à Benghazi, dans l’est de la Libye, le 11 décembre 2024.
Alkarama s'est également adressé au Rapporteur spécial sur les migrants et à la Mission d’appui des Nations Unies en Libye.
Il s'agit de la deuxième initiative entreprise par Alkarama au sujet des cinq citoyens syriens portés disparus, dont les familles sont sans nouvelles depuis leur enlèvement et privées de tout contact avec eux. Leur dernière localisation connue était la prison militaire de Gharnada.
Les victimes sont : Ahmad Alothman, Ali Alsalkhadi, Anas Mohammed Ali Alsalkhadi, Khaled Alsalkhadi et Osama Mohammed Sayfeddeen Alshadidi.
Ces victimes font partie des millions de Syriens qui ont fui la guerre dans leur pays, entrant légalement en Libye avec des passeports syriens en cours de validité et des visas d’entrée réguliers. Ils se sont établis à Benghazi, y ont travaillé et vécu de manière stable.
Comme de nombreux Syriens à travers le monde, ils ont exprimé leur joie après le départ de Bachar Al-Assad, nourrissant l’espoir d’un retour dans leur pays. C’est dans ce contexte qu’ils ont participé à un rassemblement pacifique, avant d’être arrêtés sans mandat, en pleine rue, par des agents des forces de sécurité en civil.
Après leur arrestation, leurs familles sont restées sans nouvelles, plongées dans l’angoisse et l’incertitude quant à leur sort. Ce n’est que grâce au témoignage d’un ancien codétenu qu’elles ont enfin pu apprendre leur détention au centre de Gharnada, l’aggravation de leur état de santé ainsi que les actes de torture qu’ils ont subis. Accusés sans fondement d’appartenance à un groupe terroriste, ils ont été contraints, sous la torture, de signer des aveux.
Activisme d'Alkarama
Le 18 février 2025, Alkarama avait déjà adressé une plainte au Groupe de travail sur la détention arbitraire des Nations Unies (GTDA) concernant cette affaire, soulignant au départ le caractère arbitraire de leur détention sous plusieurs angles.
Alkarama a soutenu que leur arrestation est dénuée de toute base légale : interpellés sans mandat, ils n’ont jamais été informés des motifs de leur détention et demeurent privés de toute perspective de procès. Il a été souligné que cette privation de liberté découle directement de l’exercice de droits fondamentaux, en l’occurrence la liberté d’opinion et la liberté de réunion pacifique, garanties par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques.
De plus, les victimes ont été privées de toute assistance juridique et n’ont jamais eu accès à une instance indépendante pour contester la légalité de leur détention, en violation manifeste de leur droit à un procès équitable. Enfin, cette détention repose sur un critère discriminatoire, leur seule origine syrienne ayant conduit les autorités de Benghazi à les assimiler, sans le moindre fondement, à un groupe terroriste.
Pour toutes ces raisons, Alkarama a exhorté le Groupe de travail sur les disparitions forcées à engager un dialogue avec les autorités libyennes afin d'obtenir des informations officielles sur le sort et le lieu de détention des cinq disparus, et de réclamer leur libération immédiate ainsi que le respect plein et entier de leurs droits fondamentaux.