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En rentrant chez lui après ses cours le 18 avril 2009, Maher Sukkar, réfugié palestinien de 29 ans a été arrêté par des agents de la section des renseignements des forces de la sécurité intérieure dans le quartier de Sabra à Beyrouth. Il a été détenu au secret jusqu'au 6 mai 2009, soit pour une durée totale de 18 jours. D'abord détenu à la Direction des forces de la sécurité intérieure, il a ensuite été transféré à différents centres de détention jusqu'à être amené au ministère de la Défense à Yarzeh le 28 avril 2009. Il a ensuite été sauvagement torturé pendant 2 jours, les tortures ayant pour but de l! ui extorquer des faux aveux. Il a ensuite été détenu jusqu'au 6 mai 2009 à la caserne de la police militaire à Baabda pour permettre aux traces de torture visibles de cicatriser. Il a finalement été emmené à la prison centrale de Roumieh où il reste à ce jour détenu et est actuellement en cours de jugement par le tribunal militaire de Beyrouth.

En dépit du fait qu'il a informé le juge d'instruction lors du procès des tortures subies, aucune enquête sur ces allégations n'a été ouverte et aucun examen médical de la victime n'a été ordonné. Alertée par la gravité de la situation de Maher Sukkar, la profonde négligence dont ont fait preuve les autorités libanaises et le risque d'un procès inéquitable, Alkarama a soumis son cas au Rapporteur spécial sur la torture. Il lui a demandé d'intervenir auprès des autorités libanaises afin de s'assurer que les preuves extorquées sous la torture ne soit pas utilisées au cours du procès. Alkarama a également demandé l'ouverture d'une e! nquête indépendante sur les allégations de torture.

Sauvagement torturé

Pendant les deux jours où il a été détenu au ministère de la Défense à Yarzeh, Maher Sukkar a été sauvagement torturé par des officiers des services de renseignement militaires qui l'ont suspendu dans la position Ballanco (forme de torture consistant à attacher les poignets de la victime derrière le dos et à la suspendre par les poignets) et l'ont régulièrement battu avec des objets tranchants. On l'a forcé à signer des « aveux » préparés par ses interrogateurs, « aveux » qu'il n'a pas été autorisés à lire avant de signer.

Le 30 avril 2009 il a été transféré à la caserne de la police militaire de Rihania à Baabda où il a été détenu jusqu'au 6 mai 2009.

Depuis la date de son arrestation jusqu'à son transfert à la prison de Roumieh le 6 mai 2009, Maher Sukkar a été détenu au secret: on lui a refuse catégoriquement tout contact avec le monde extérieur, que ce soit avec sa famille, ses amis ou même un avocat.

Accusé de "constitution d'un groupe armé"

Après une longue période d'attente, le juge d'instruction militaire Samih Al-Hajj a finalement inculpé Maher Sukkar et dix autres personnes le 17 février 2010 pour « constitution d'un groupe armé pour commettre des crimes contre les gens et la propriété », avoir « porté atteinte à l'autorité de l'Etat « , avoir « surveillé les forces militaires de l'armée libanaise et de l'UNIFIL » et « falsification de passeports et de cartes de réfugiés palestiniens ». Ces accusations, toutes basées sur des faux aveux extorqués sous la torture, risquent d'entraîner la condamnation à mort des victime! s.

Lors du procès aucun événement en particulier, aucune action spécifique auxquels Maher Sukkar est supposé avoir participé n'a été retenu contre lui., uniquement de vagues accusations basées sur de faux aveux.

L'histoire de Maher Sukkar vient assombrir le triste tableau de la réalité de la situation des droits de l'homme au Liban. Les tribunaux militaires n'offrent pas les garanties pour un procès équitable et tendent à prononcer de lourdes peines pouvant aller jusqu'à la peine de mort. Or, Maher Sukkar, qui n'a même pas de statut militaire, est jugé par une telle juridiction. D'autre part, son procès est basé sur des «preuves » extorquées sous la torture, ce qui constitue une grave violation de l'article 15 de la Convention contre la torture, à laquelle le Liban est partie depuis le 5 octobre 2000.