Koweït: intensification de la répression contre les manifestations pacifiques

Kuwait DemonstrationsEntre le 2 et le 7 juillet, les forces de police koweïtiennes ont utilisé la force de manière excessive contre des manifestants pacifiques demandant la libération d'une figure principale de l'opposition, Musallam al Barrak, arrêté pour avoir accusé des juges d'implication dans un récent scandale de corruption. Des dizaines de manifestants pacifiques ont aussi été arrêtés et sont encore maintenus en détention arbitraire à ce jour.

Parmi les manifestants le 7 juillet se trouvait Fawaz Al Hilal Sahoud Anzi, Secrétaire Général de l'Association Internationale des Droits et Libertés (IARF), un réseau coordonnant des actions collectives pour promouvoir la justice sociale et les droits humains. Al Anzi a été sévèrement battu et son dossier médical montrant la preuve de multiples blessures à la tête, y compris une fracture du nez, confisqué par les forces de police. Plusieurs autres manifestants pacifiques – y compris un militant des droits de l'homme, Mohamed Ajami, et un journaliste du journal Derwaza, Abdurazak Boursili – ont subi de multiples blessures par les forces de police ou spéciales qui les ont sévèrement battu et fait usage de balles en caoutchouc sur la tête et les parties supérieures du corps, en violation des normes légales d'utilisation.

Le 2 juillet, les forces de police ont également arrêté 45 personnes lors d'une nouvelle manifestation pacifique appelant à la libération de Musallam al Barrak. Si al Barrak a été libéré le 7 juillet, ces 45 personnes sont encore détenues arbitrairement à ce jour.

En violation flagrante des obligations nationales et internationales du Koweït, ces événements font suite à de nombreuses mesures prises par les autorités pour restreindre le droit des Koweïtiens aux libertés d'expression, d'association et de réunion, tel que documenté par Alkarama dans son rapport alternatif pour l'examen périodique universel du Koweït en mars 2015. Alkarama est préoccupé par l'intensification de la répression contre les manifestations pacifiques au Koweït. Malgré les nombreux traités internationaux qui consacrent ce droit, le Ministère de l'Intérieur a déclaré le 4 juillet que la police continuerait à « prévenir et combattre avec toute sa force de telles pratiques, » c'est-à-dire « toute forme d'émeutes, de violence et d'incitation. »

Par conséquent, Alkarama a soumis le 9 juillet un appel urgent aux procédures spéciales de l'ONU pour mettre en évidence les récentes violations du droit des Koweïtiens à exprimer leurs opinions de manière pacifique. Les autorités koweïtiennes doivent veiller à ce qu'aucune force excessive ne soit utilisée contre des manifestants pacifiques; enquêter sur tous les cas de brutalité commis contre eux; et tenir leurs auteurs pour compte. En particulier, Alkarama demande que des enquêtes soient rapidement menées sur les brutalités commises contre Fawaz al Anzi et qu'une indemnisation soit fournie aux victimes.